By S. - En marche à la suite de Christ

(Blog chrétien - le carnet d'un pèlerin)

dimanche 28 juin 2020

Dimho (Dimanche Homélie) : 28 Juin 2020

12 ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A


Textes du jour 2 R 4, 8-11.14-16a  Ps 88 (89)   /  Rm 6, 3-4.8-11 / Mt 10, 37-42


Les textes de la liturgie de ce dimanche nous font ressortir le thème de l’accueil

La première lecture d’aujourd’hui nous raconte justement une belle histoire d’accueil. Celui de cette femme, riche mais apparemment stérile, habitant le village de Sunam, qui se met en quatre pour accueillir le prophète Elisée. Sunam est un village au pied du mont Tabor, sur une terre très fertile, à mi-chemin entre la Samarie et la côte, à environ une heure de marche. Un lieu de passage du prophète qui parcourt le pays de ville en ville. Elisée a apprécié le zèle de cette femme à l’accueillir. A tel point qu’il lui annonce une nouvelle étonnante, comme une sorte de récompense : elle aura un fils. La suite de cette histoire, qui nous est racontée dans le deuxième livre des Rois, nous apprend qu’en effet, lorsqu’Elisée revient l’année suivante, la prophétie s’est réalisée.  Que nous apprend cette histoire ? Comme c’est le cas pour toutes les histoires racontées dans la Bible, il y a derrière cet épisode un message à propos de l’histoire du Salut. 

Le Dieu révélé par la Bible n’est pas comme les autres dieux des autres religions. Ce n’est pas un Dieu lointain, pour lequel il faudrait faire des sacrifices pour ne pas le fâcher ou pour en obtenir une récompense. « Toutes les religions du monde instituent par des rites les efforts de l’homme pour monter jusqu’à Dieu ; seule la religion chrétienne nous révèle un Dieu qui descend jusqu’à l’homme. » la seule chose que l’homme ait à faire est de l’accueillir

Oui, Dieu vient habiter parmi nous ; il vient vivre chez nous, avec nous. Comme le prophète Elisée dans cette histoire. On nous dit qu’il était de passage à Sunam. C’est sur l’insistance de cette femme qu’il était resté manger, et qu’il en avait ensuite pris l’habitude. Mais la Sunamite ne se contente pas de le recevoir à sa table. Elle insiste auprès de son mari pour lui laisser une place plus grande encore, en lui faisant bâtir une chambre, avec un lit, une table, un siège et une lampe, pour qu’il puisse s’y retirer, c’est-à-dire pour qu’il s’y sente chez lui.

 Comme Elisée de passage à Sunam, Dieu vient nous visiter. C’est vrai pour chacun de nous, aujourd’hui. C’est vrai ici et maintenant. Chacun peut, ou non, se réjouir de cette visite. Mais libre aussi à chacun d’aller plus loin, de ménager à Dieu un accueil plus marqué, en le priant de rester pour un repas, en lui demandant de revenir, ou plus encore en l’invitant à faire chez nous sa demeure : lui préparer une chambre où il pourra demeurer.

C’est alors qu’arrive la fameuse « récompense ». Revenons sur ce terme. On comprend bien dans cette histoire que la Sunamite ne soigne pas l’accueil du prophète juste pour obtenir une récompense. Elle semble se faire simplement une joie d’accueillir cet homme de Dieu, sans arrière-pensée. La « récompense » que lui propose Elisée n’est pas la réponse à une demande de cette femme. Elle n’a rien demandé. La fin du verset 16 qui termine la lecture d’aujourd’hui nous dit même qu’elle ne croit pas du tout la parole d’Elisée. Non seulement elle ne le croit pas, mais elle lui demande même de ne pas lui mentir, que ce n’est pas digne de son rang de prophète. Son accueil est donc totalement désintéressé

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus lui-même emploie ce mot « récompense » : « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. » Nous comprenons alors que le mot « récompense » veut marquer l’idée de « conséquence ». Le bon accueil réservé à un homme de Dieu, donc à Dieu lui-même, a pour conséquence la « récompense » de Dieu, c’est-à-dire la vie éternelle ; non-pas comme un dû suite à une bonne action, mais comme un don gratuit, accueilli par avance dans le concret de l’accueil, comme par exemple celui de la Sunamite vis-à-vis d’Elisée, ou de n’importe quelle personne qui accueille un juste en sa qualité de juste. 

Aujourd’hui, être accueillant est une belle qualité, à laquelle chacun est sensible… surtout chez les autres. Notre niveau d’exigence dans l’accueil que l’on reçoit est souvent bien supérieur à l’accueil que l’on est capable de donner soi-même. Nous sommes tous capables de bien accueillir nos proches, nos amis, ceux qui nous sont sympathiques, ou encore nos clients… L’accueil se fait alors souvent dans la joie.

Mais, comment pratiquons-nous l’accueil des autres ? Par exemple, comment accueillons-nous nos frères qui arrivent chez nous parce qu’ils fuient leur pays, parfois avec leur famille, que ce soit pour échapper aux persécutions, aux violences, à la guerre ou à la misère… Que décidons-nous de faire concrètement pour ces gens, qui sont nos frères et nos sœurs, dans le Christ Jésus, « les plus petits d’entre les miens » comme il les appelle ? À quelle action concrète désirons-nous nous associer, à quelle démarche sommes-nous prêts, individuellement et collectivement, pour accueillir cette humanité souffrante, fragilisée, désemparée, parfois terrorisée ? « Qui vous accueille, m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé » nous redit Jésus, aujourd’hui. Acceptons-nous simplement d’être dérangés, un peu ou beaucoup, par le rappel de cette nécessité, l’accueil du frère, dans lequel tout chrétien reconnaît le visage du Christ ? 

L'amour et l'accueil seront toujours le noyau de la vie chrétienne, envers tous et, surtout, envers les membres de notre famille, car habituellement ce sont ceux qui sont le plus proches de nous et ils constituent aussi notre "prochain" que Jésus nous demande d'aimer. Dans l'accueil des autres, il y a toujours l'accueil du Christ : "Celui qui vous reçoit me reçoit" (Mt 11,40). Nous devons, donc, voir le Christ dans ceux que nous servons et reconnaître également le Christ serviteur dans ceux qui nous servent.

Il ne s’agit pas pour nous de chercher à obtenir une récompense, mais simplement de nous ouvrir à la joie qu’il y a à partager, à découvrir l’autre, à l’accueillir, à s’enrichir de nos différences. C’est de cette joie dont Jésus nous parle, cette « récompense » comme conséquence de notre accueil : la vie éternelle. La vie éternelle, c’est le don que Dieu veut faire à chacun de nous. Il nous appartient d’accueillir ce don. 


Amen !

Abbé Marc-André MAWU TION
Prêtre du Archidiocèse d'Abidjan
mt_marcandre@yahoo.fr

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