By S. - En marche à la suite de Christ

(Blog chrétien - le carnet d'un pèlerin)

dimanche 28 juin 2020

12 ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A


Textes du jour 2 R 4, 8-11.14-16a  Ps 88 (89)   /  Rm 6, 3-4.8-11 / Mt 10, 37-42


Les textes de la liturgie de ce dimanche nous font ressortir le thème de l’accueil

La première lecture d’aujourd’hui nous raconte justement une belle histoire d’accueil. Celui de cette femme, riche mais apparemment stérile, habitant le village de Sunam, qui se met en quatre pour accueillir le prophète Elisée. Sunam est un village au pied du mont Tabor, sur une terre très fertile, à mi-chemin entre la Samarie et la côte, à environ une heure de marche. Un lieu de passage du prophète qui parcourt le pays de ville en ville. Elisée a apprécié le zèle de cette femme à l’accueillir. A tel point qu’il lui annonce une nouvelle étonnante, comme une sorte de récompense : elle aura un fils. La suite de cette histoire, qui nous est racontée dans le deuxième livre des Rois, nous apprend qu’en effet, lorsqu’Elisée revient l’année suivante, la prophétie s’est réalisée.  Que nous apprend cette histoire ? Comme c’est le cas pour toutes les histoires racontées dans la Bible, il y a derrière cet épisode un message à propos de l’histoire du Salut. 

Le Dieu révélé par la Bible n’est pas comme les autres dieux des autres religions. Ce n’est pas un Dieu lointain, pour lequel il faudrait faire des sacrifices pour ne pas le fâcher ou pour en obtenir une récompense. « Toutes les religions du monde instituent par des rites les efforts de l’homme pour monter jusqu’à Dieu ; seule la religion chrétienne nous révèle un Dieu qui descend jusqu’à l’homme. » la seule chose que l’homme ait à faire est de l’accueillir

Oui, Dieu vient habiter parmi nous ; il vient vivre chez nous, avec nous. Comme le prophète Elisée dans cette histoire. On nous dit qu’il était de passage à Sunam. C’est sur l’insistance de cette femme qu’il était resté manger, et qu’il en avait ensuite pris l’habitude. Mais la Sunamite ne se contente pas de le recevoir à sa table. Elle insiste auprès de son mari pour lui laisser une place plus grande encore, en lui faisant bâtir une chambre, avec un lit, une table, un siège et une lampe, pour qu’il puisse s’y retirer, c’est-à-dire pour qu’il s’y sente chez lui.

 Comme Elisée de passage à Sunam, Dieu vient nous visiter. C’est vrai pour chacun de nous, aujourd’hui. C’est vrai ici et maintenant. Chacun peut, ou non, se réjouir de cette visite. Mais libre aussi à chacun d’aller plus loin, de ménager à Dieu un accueil plus marqué, en le priant de rester pour un repas, en lui demandant de revenir, ou plus encore en l’invitant à faire chez nous sa demeure : lui préparer une chambre où il pourra demeurer.

C’est alors qu’arrive la fameuse « récompense ». Revenons sur ce terme. On comprend bien dans cette histoire que la Sunamite ne soigne pas l’accueil du prophète juste pour obtenir une récompense. Elle semble se faire simplement une joie d’accueillir cet homme de Dieu, sans arrière-pensée. La « récompense » que lui propose Elisée n’est pas la réponse à une demande de cette femme. Elle n’a rien demandé. La fin du verset 16 qui termine la lecture d’aujourd’hui nous dit même qu’elle ne croit pas du tout la parole d’Elisée. Non seulement elle ne le croit pas, mais elle lui demande même de ne pas lui mentir, que ce n’est pas digne de son rang de prophète. Son accueil est donc totalement désintéressé

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus lui-même emploie ce mot « récompense » : « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. » Nous comprenons alors que le mot « récompense » veut marquer l’idée de « conséquence ». Le bon accueil réservé à un homme de Dieu, donc à Dieu lui-même, a pour conséquence la « récompense » de Dieu, c’est-à-dire la vie éternelle ; non-pas comme un dû suite à une bonne action, mais comme un don gratuit, accueilli par avance dans le concret de l’accueil, comme par exemple celui de la Sunamite vis-à-vis d’Elisée, ou de n’importe quelle personne qui accueille un juste en sa qualité de juste. 

Aujourd’hui, être accueillant est une belle qualité, à laquelle chacun est sensible… surtout chez les autres. Notre niveau d’exigence dans l’accueil que l’on reçoit est souvent bien supérieur à l’accueil que l’on est capable de donner soi-même. Nous sommes tous capables de bien accueillir nos proches, nos amis, ceux qui nous sont sympathiques, ou encore nos clients… L’accueil se fait alors souvent dans la joie.

Mais, comment pratiquons-nous l’accueil des autres ? Par exemple, comment accueillons-nous nos frères qui arrivent chez nous parce qu’ils fuient leur pays, parfois avec leur famille, que ce soit pour échapper aux persécutions, aux violences, à la guerre ou à la misère… Que décidons-nous de faire concrètement pour ces gens, qui sont nos frères et nos sœurs, dans le Christ Jésus, « les plus petits d’entre les miens » comme il les appelle ? À quelle action concrète désirons-nous nous associer, à quelle démarche sommes-nous prêts, individuellement et collectivement, pour accueillir cette humanité souffrante, fragilisée, désemparée, parfois terrorisée ? « Qui vous accueille, m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé » nous redit Jésus, aujourd’hui. Acceptons-nous simplement d’être dérangés, un peu ou beaucoup, par le rappel de cette nécessité, l’accueil du frère, dans lequel tout chrétien reconnaît le visage du Christ ? 

L'amour et l'accueil seront toujours le noyau de la vie chrétienne, envers tous et, surtout, envers les membres de notre famille, car habituellement ce sont ceux qui sont le plus proches de nous et ils constituent aussi notre "prochain" que Jésus nous demande d'aimer. Dans l'accueil des autres, il y a toujours l'accueil du Christ : "Celui qui vous reçoit me reçoit" (Mt 11,40). Nous devons, donc, voir le Christ dans ceux que nous servons et reconnaître également le Christ serviteur dans ceux qui nous servent.

Il ne s’agit pas pour nous de chercher à obtenir une récompense, mais simplement de nous ouvrir à la joie qu’il y a à partager, à découvrir l’autre, à l’accueillir, à s’enrichir de nos différences. C’est de cette joie dont Jésus nous parle, cette « récompense » comme conséquence de notre accueil : la vie éternelle. La vie éternelle, c’est le don que Dieu veut faire à chacun de nous. Il nous appartient d’accueillir ce don. 


Amen !

Abbé Marc-André MAWU TION
Prêtre du Archidiocèse d'Abidjan
mt_marcandre@yahoo.fr

dimanche 21 juin 2020


12 ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A


Frères et sœurs, à travers les textes de ce jour, nous admirons la sollicitude infinie de Dieu pour ses enfants que nous sommes. La trame des textes d’aujourd’hui révèle l’ineffable amour de Dieu, qui, allant à la rencontre de l’homme ne désire que le protéger et le racheter de sa condition mortelle.

 Il est plus qu’évident qu’une chose est d’annoncer les merveilleux desseins d’amour de Dieu pour ses enfants, mais une autre est de constater toutes les souffrances et épreuves qui environnent ce dessein d’amour de Dieu pour nous. Devant un tel contraste, l’on ne peut que se demander :

  • Comment est-ce que l’annonce de la Parole de Dieu qui devrait réjouir les hommes, les poussent au contraire à s’irriter contre nous ?
  • Pourquoi de génération en génération l’humanité se donne pour challenge d’enfuir la Parole de Dieu ?  

En face de telles aversions pour la parole de Dieu, le prophète Jérémie dans la première lecture de ce jour, ne se laisse pas gagner par le découragement. Au contraire, il rebondit de plus belle pour dénoncer avec poigne et fermeté les nombreuses infidélités du peuple d’Israël. Nonobstant les intentions lugubres de ses contemporains à son endroit, il ne cède pas à la panique, il affirme par contre : « le Seigneur est avec moi, comme un guerrier redoutable : mes persécuteurs s’écrouleront, impuissants. Leur défaite les couvrira de honte, d’une confusion éternelle, inoubliable». Jr 20, 11.  Ceci dit, l’on observe la main bienveillante de Dieu sur ses enfants lorsque ceux-ci sont martyrisés à cause de leur fidélité à sa parole.

Cette proximité divine trouve son point culminant dans l’évangile de ce jour en la personne du Christ. Si Jésus nous dit : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu » Mt 10,26 ; c’est parce qu’il sait que tout comme lui, nous serons en proie à la torture des hommes. Nos bourreaux (hommes) ne doivent donc pas nous faire peur, ni empêcher l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Pour mieux saisir cette invitation du Christ à ne pas craindre, l’on devrait remonter à quelques versets plus haut, avant l’évangile d’aujourd’hui. Là, Jésus nous dit « je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups…vous serez haïs de tous à cause de moi ». C’est donc plus aisé de comprendre que la haine qu’ils développent contre les disciples du Christ, les amènent à élaborer de fausses manœuvres afin de nuire à ceux-ci. Mais le Christ nous rassure que tous ces complots, toutes ces mesquineries maléfiques seront dévoilées au grand jour.

 Le Christ  poursuit en disant : « Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits » Mt 10, 27. Ce sont là des paroles profondes qui traduisent deux réalités.

La première, c’est l’intimité qu’il doit avoir entre nous et le Christ. En effet, le Christ veut nous parler, être en dialogue continuel avec chacun de nous. Et le texte est clair : « Ce que je vous dis dans l’ombre (...) ce que vous entendez dans le creux de l’oreille ». On se rend compte qu’il n’y a guère besoin d’interlocuteur, c’est un dialogue direct entre le Christ et son disciple. Aussi, l’emploi des expressions telles que ombre  et creux de l’oreille sont la parfaite illustration de cette disposition intérieure qui doit précéder la rencontre avec le Seigneur.

La deuxième réalité, c’est l’envoi après avoir écouté le Seigneur. L’invitation du Seigneur à s’exprimer au grand jour et à crier sur les toits, caractérise le zèle qui doit animer tous ses disciples pour l’annonce de l’évangile. Libéré de la peur des hommes, les disciples que nous sommes devons annoncer de toutes nos forces, ce message de salut que le Seigneur a bien voulu nous révéler par pur grâce et dans son grand amour.

Et même si les choses semblent se compliquer, nous devons toujours garder notre fidélité et notre sérénité en Jésus. Cet appel à la fidélité, Jésus le notifie un peu plus bas en ces termes : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps» Mt 10, 28. Ceci dit, vivons notre mission de disciple en toute liberté et en fixant nos regards que sur le Christ au détriment de toutes les péripéties environnantes. Ce n’est pas une invitation à fuir les réalités existentielles, mais juste nous rappeler que le plus important, c’est notre fidélité au Seigneur et à sa mission. Car nous dit-il : « celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père dans les cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon père qui est dans les cieux ». Mt 10, 33.

Frères et sœurs, notre leitmotiv doit être cette assurance en le secours et la bonté du Seigneur à tout instant de notre vie.  Prendre part à sa mission, c’est participer au rachat du monde. Car, comme le dit Saint Paul dans sa lettre aux Romains de ce jour, si par la faute d’Adam le péché est entré dans le monde, c’est bien par le Sacrifice du Christ que le salut nous a été accordé.

A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen !

Abbé Paul Eric N'GUESSAN,
stagiaire à la Paroisse St Michel Archange de KODIOUSSOU

Archidiocèse d'Abidjan


12 ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A

 



Textes du jour :  Jr 20, 10-13   Ps 68 (69),   / Rm 5, 12-15  / Mt 10, 26-33

    

Pendant le confinement lié à la pandémie que nous traversons, il y a eu de nombreuses caricatures qui nous aidaient à garder le sourire dans l’épreuve, tel que Jésus qui se faisait verbaliser pour sortie du tombeau sans autorisation du gouvernement. Ce motif n’était pas prévu évidemment.

    Et pour ce qui concerne les textes de ce jour, je me souviens m’être assez amusé à lire cette histoire de confinement : un père de famille (bonne fête aux pères) posait une question très matérielle après avoir fait plusieurs calculs : comment se fait-il que d’un sac de riz de 25 kg à un autre sac de riz de 25 kg, il y ait une différence de trois grains de riz ? On se dit : comment peut-on imaginer compter des grains dans un sac de riz?

    C’est exactement la même question que je me suis posée alors que j’étais enfant, j’avais été marqué par ce passage de l’évangile que nous venons d’écouter « Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ». J’étais partagé dans mes sentiments, entre la crainte de me faire compter tous mes cheveux, et l’assurance que Dieu avait cette patience de veiller sur chacun de mes cheveux.

Et c’est avec cette image de la bonté patiente de Dieu que j’ai médité ces textes difficiles de ce dimanche, particulièrement l’épitre aux Romains, qui nous parle du péché originel et de la grâce.

     En gros, Saint Paul nous dit que parce que Adam a péché, tous les hommes aussi ont péché. Parce que le Christ est ressuscité, tous les hommes aussi sont sauvés. Ce n’est pas toujours évident de comprendre cela de façon limpide. Justement parce que nous nous demandons si nous sommes tous responsables du péché d’Adam pour en subir les conséquences. Mais ce n’est peut-être pas la question à poser. Du fait même que nous ne pouvons pas aussi penser que chacun soit capable de se sauver tout seul. Le salut ne dépend pas de nos mérites.

Nous sommes donc tous solidaires de l’humanité qui meurt parce qu’un seul a péché et nous sommes responsables de nos fautes personnelles, et jugés selon notre liberté et notre amour. Comme nous sommes tous bénéficiaires de la grâce du salut et nous sommes également responsables de dire oui ou non à l’Amour de Dieu. Dans les deux cas, il y a ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. La différence est que si nous portons le poids du péché, nous avons d’un autre côté, le don gratuit du salut, sans mérite de notre part. Et c’est une chose beaucoup plus grande. « Là où le péché a abondé, la grâce du Seigneur a surabondé ».

     Dieu ne compte pas nos cheveux pour nous juger en fonction de chacun de nos péchés, Dieu nous connait plus que le nombre de nos cheveux, pour nous faire au-delà de tout calcul, le don de son Amour qui nous sauve. Ce que Dieu détruit, c’est la source même du péché.

     Le Tentateur a susurré à l’oreille du premier couple humain, dans le secret de la nuit, de chercher à être comme Dieu et de se détourner de Dieu. Sa parole a produit le mensonge et la mort en l’homme, dans son corps et dans son âme.

    Mais ce que Jésus vient nous révéler, dans le secret de nos cœurs, c’est la vérité et la vie. Alors il vient ainsi restaurer l’humanité : « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui (le Tentateur) qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. »

     Le Tentateur est souvent présent là où on ne le soupçonne pas. Quand Jérémie demande à Dieu la vengeance comme à un guerrier redoutable qui ferait trébucher et périr les persécuteurs, il ne connaît pas encore la Révélation de l’Evangile. Mais il évite la tentation de s’approprier la vengeance et se remet à Dieu : « Seigneur, toi qui scrutes l’homme juste, c'est à toi que j’ai remis ma cause. Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants »

    Les tentations sont là, elles nous oppressent.  Mais il y a quelque chose de toujours bien plus grand et plus abondant : c’est la grâce de Dieu qui nous libère et qui nous justifie, elle qui nous apaise et qui nous réjouit

Le péché est satisfaction pour un moment. La grâce est joie éternelle. Elle ne se compte pas. « Vous valez bien plus que la multitude des moineaux »

La miséricorde de Dieu est inépuisable. Lui qui règne pour les siècles et des siècles. Amen !


Abbé VAST-AMOUR ADJOBI

Prêtre de l'archidiocèse d'Abidjan

dimanche 14 juin 2020

Dimanche du Saint Sacrement 

du Corps et du Sang du Christ   — Année A




Textes du jour : Dt 8,2-3.14b-16a   Ps 147 (147B),   / 1 Co 10,16-17 / Jn 6,51-58


Frères & Sœurs,

En dehors de la situation de covid-19 et des mesures sanitaires, nous allions constater tout au long de ce jour béni plusieurs processions du Très Saint Sacrement. Partout, en tout cas pour ce qui est des églises Catholiques, des choses ostensibles seraient prévues pour marquer d’un grand coup ce jour béni dédié au Très Saint Sacrement.

Essayons ensemble d’entrer dans la compréhension de ce si grand mystère en essayant d’axer notre méditation autour de ces quatre questions :

  1. Pourquoi tant d’honneur et tant d’égard autour du Très Saint Sacrement ?
  2. Qu’est-ce que le Très Saint Sacrement ?
  3. Comment se comporter vis-à-vis de ce Très Saint Sacrement ? 
  4. Et quel impact il doit avoir sur nous. 

Pourquoi tant d’honneur et d’égard au Saint Sacrement ?

La réponse à cette question, se trouve dans les textes de la liturgie de ce jour. Le Seigneur a toujours voulu nourrir son peuple. Au désert alors que le peuple d’Israël était la préfiguration de tous les peuples qui accepteront de marcher avec lui, le Seigneur donne comme nourriture la manne, pain descendu directement du Ciel, pain dont Dieu était l’origine. En ces temps qui sont les derniers, le pain que notre Dieu a voulu nous donner, c’est le Corps et le Sang de notre Sauveur Jésus-Christ. C’est bien ce que nous dit l’Évangile : « le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » et il poursuit en disant : « si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. »

Oui, Frères et Sœurs nous rendons louange, gloire, honneur et adoration parce que dans le Très Saint Sacrement, nous sommes en présence non plus du pain et du vin comme nos yeux le voient, mais plutôt en présence du Corps et du Sang du Christ qui donnent la Vie. Nous ne pouvons donc être indifférents à ce si grand amour que Dieu a pour nous.

Mais en réalité qu’est-ce que le Saint Sacrement ?

La fête du Très Saint Sacrement célèbre en fait le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire l’action de grâce par laquelle le Christ par la prière du prêtre validement ordonné donne son Corps et son Sang pour la sanctification de ses frères. Chaque messe est une célébration de ce mystère. Cependant, l’Eglise a tenu à établir une fête particulière de ce sacrement pour nous inviter à méditer plus particulièrement sur le sens de ce dernier qui est célébré chaque jour partout dans le monde.

L’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie chrétienne parce qu’elle contient tout le trésor spirituel de l’Eglise, elle contient le Christ lui-même.

Comment se comporter vis-à-vis de ce Très Saint Sacrement ?

Si donc l’Eucharistie contient le Christ lui-même, il va de soi qu’il y a une manière de se comporter face à ce Très Saint Sacrement. Comment faut-il s’y prendre ?

La première chose à savoir, c’est qu’il faut pouvoir l’honorer d’un culte d’adoration. Aussi, il faut s’approcher dignement de la table de l’Eucharistie, en étant en état de grâce, c’est-à-dire sans péché mortel. Il faut donc pouvoir s’examiner comme le dit saint Paul dans la 1ère au Corinthiens chap 11,29 : « Que chacun s’examine, s’éprouve soi-même, avant de manger ce pain et boire cette coupe, car celui qui mange et boit sans discerner, le corps et le sang du Seigneur, mange à sa propre condamnation.» Tout cela pour nous faire comprendre qu’un chrétien baptisé s’approche dignement de l’Eucharistie, après avoir pris résolument le chemin de conversion dans la confession, lorsqu’il sait se trouver en situation de péché mortel.

Il faut s’approcher de la table du Seigneur avec une connaissance suffisante du mystère qu’on approche car pour communier au Corps de Jésus, il faut au moins savoir qui il est, reconnaître qu’il est notre sauveur, savoir ce qu’il nous apporte.

S’approcher de la communion requiert également l’intention droite. Avoir l’intention droite signifie ne pas approcher de la table eucharistie par habitude, pour se faire voir ou par peur du que dira-t-on ? Mais plutôt pour satisfaire à la volonté de Dieu. Par ailleurs, la dignité du Sacrement demande de recevoir la sainte communion à jeun. Ce jeune appelé eucharistique a été ramené de 24h à 1h avant le repas du Seigneur. Pour communier il faut donc ne rien manger au moins une heure avant la messe sauf bien sur ceux dont la santé exige nécessairement la prise de médicament à des heures bien précises.

Vu de toutes ces dispositions face à la sainte Eucharistie, nous pouvons nous demander;

Quel est son impact sur l’homme qui l’a reçoit dignement ?

  • Au plan Spirituel,

La sainte Communion au Corps et au Sang du Christ accroît l’union du communiant avec le Seigneur car il reçoit un accroissement de grâce et de charité. Par l’Eucharistie, nous sommes délivrés de tous nos péchés véniels et préservé des péchés graves. Cela parce que, comme nous l’entendons chaque jour à la messe lorsque le Prêtre célèbre les saintes Paroles du Seigneur, le Corps et le Sang du Christ sont offerts pour la multitude en rémission des péchés. La communion nous permet donc de rompre avec le péché et de progresser dans l’amitié avec Jésus.

  • Au plan communautaire et ecclésial,
        L'Eucharistie, renforce l'unité de L'Eglise par les liens de la charité.
En effet, nous avons tous chrétiens baptisés et en état de grâce, part au Corps du Christ et au Sang du Christ. Nous formons donc selon Saint Paul un même corps, l’Eglise de Dieu. C’est pourquoi, nous ne pouvons être divisés entre nous, nous ne pouvons pas refuser de nous aider mutuellement tant sur le plan social que sur le chemin de la foi. La participation à la même eucharistie, doit nous faire comprendre que nous sommes vraiment tous frères, appelés d’une manière spéciale et particulière à l’unité et à la réconciliation.


Pour finir, fêter le Très Saint Sacrement au-delà de tout ce que nous pourrions faire pour marquer cet événement, c’est de devenir nous-même des hosties vivantes, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui sont remplis de la présence de Jésus, qui sont remplis de l’amour de Jésus et pour Jésus et qui sont prêts en tout temps à mettre sa parole en pratique et à être des canaux de bénédictions spirituelles et matérielles pour leurs frères et sœurs

Que Dieu nous y aide et qu’en toute chose la gloire lui soit rendue pour les siècles des siècles.

Abbé Joseph Milafany YEO,

Prêtre de l'Archidiocèse d'Abidjan


dimanche 7 juin 2020

Dimanche de la Sainte Trinité  — Année A




Textes du jour :  Ex 34, 4b-6.8-9   Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56  /  2 Co 13, 11-13 / Jn 3, 16-18


Frères et Sœurs

La Sainte Eglise notre mère nous donne de célébrer le Mystère de la Très Sainte Trinité. 

Expliquer ce mystère nécessite que nous utilisions de grands mots tirés des profondeurs de la théologie systématique et dogmatique. Expliquer ce mystère prendrait énormément de temps et beaucoup d’énergie à celui qui voudrait en déceler la profondeur et surtout la partager au commun des mortels. J’en veux pour preuve Saint Augustin d’Hippone, qui, dans sa quête de percer le mystère de la Sainte trinité, se promenait un jour sur une plage. Il vit alors un jeune garçon à l’attitude étrange. En effet le gamin s’évertuait à remplir un trou avec l’eau de la mer qu’il recueillait au moyen d’un coquillage. Paraphrasant leur dialogue, je vous en donne la teneur. Le petit à qui Augustin demandait ce qu’il faisait lui répond qu’il l’imite. Etonné, Augustin lui demande en quel sens. Le petit garçon qui s’avérait être un ange, lui répond qu’il imite le Saint dans sa tentative de faire rentrer dans son tout esprit un mystère si grand que celui de la Sainte Trinité.

Bien que ce mystère soit si grand, il peut également se résoudre et se réduire en un seul mot qui est l’Amour

Dieu notre Créateur, qui nous a créé par amour, nous donne son Fils unique qui lui aussi par amour nous sauve. Et ce Fils nous a promis et envoyé du près du Père l’Esprit Saint, l’Esprit d’Amour pour que nous puissions dès ici-bas vivre de cette vie des enfants de Dieu à laquelle nous auront part au paradis.

Ainsi, Dieu se présente à Moïse comme LE SEIGNEUR, le Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. Il se présente ainsi afin que nous chrétiens d’aujourd’hui, nous ne tombons plus dans l’écueil de la distinction entre un Dieu rageux de l’Ancien Testament et un Dieu aimant et aimable du Nouveau. Dieu est le même, le seul et l’Unique. Il est le Dieu dont le nom est « Je SUIS » pour nous signifier qu’il est avec nous tous les jours comme pourra plus tard le répéter Jésus.

Le Seigneur Jésus est celui par qui nous voyons et connaissons le Père. Il est l’image visible du Dieu invisible. Il est surtout la manifestation de l’Amour du Père pour les hommes. « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils Unique… ». Par Jésus et en Lui, le Salut est offert aux hommes. Il appartient donc à tous et à chacun de lever un regard d’amour sur le Christ et surtout d’adhérer à sa Vérité et surtout à appliquer son commandement d’amour pour échapper au jugement et être sauvé.

Cela est manifeste dans la communion eucharistique à laquelle nous avons part. Le souhait final de la seconde lettre aux corinthiens est repris en début de nos messes. Cela montre qu’il ne saurait avoir communauté eucharistique sans action du Dieu Trinité. Cette vérité paulinienne nous donne de comprendre que c’est à cause du don gratuit de Jésus Christ venu pour nous sauver, à cause de l’amour du Père pour tous les hommes, sous l’égide du Saint Esprit d’Amour qui scelle l’unité des Chrétiens dans l’Amour, que l’Eglise (communauté des Chrétiens) peut se rassembler, rechercher la perfection, s’encourager dans l’espérance et vivre en témoin de cette Paix que Dieu donne à ces fils. En peu de mots, c’est la Trinité qui suscite une communauté d’Amour à son image.

(Qu’il me soit permis de souhaiter une bonne fête à toutes les mères et leur souhaiter d’imiter les vertus de la Sainte Vierge Marie, Fille du Père, Epouse de l’Esprit et Mère du Christ et notre mère qui a su plaire en tout au Dieu Trinité.)


Abbé Marc-André MAWU TION
Prêtre du Diocèse d'Abidjan
mt_marcandre@yahoo.fr