29 ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année B
Chers
frères et sœurs, aujourd’hui, 17 Octobre, notre méditation voudrait aborder la
question de la Croix.
En parlant de la Croix, l’on fait allusion à la souffrance du Christ. Alors:
- Comment notre Seigneur Jésus a-t-il compris ses souffrances ?
- Quelle visée a-t-il donné à ses souffrances ?
- À l’image du Christ, comment nous chrétiens devrions-nous vivre nos souffrances, nos épreuves ?
La souffrance de notre Seigneur Jésus-Christ est, pour nous, chrétiens, une évidence certaine, car elle faisait partie intégrante de sa vie terrestre. En effet, Jésus a souffert du manque de foi de ses apôtres, de leur envie de pouvoir, de leur volonté de domination, de leur volonté de siéger à sa droite et à sa gauche. En plus, Il a connu les moqueries des Pharisiens et des scribes. Aussi, Lui qui est Dieu, a souffert de ne pas être aimé par sa propre famille. Et enfin, Il a souffert la Passion, sommet de la souffrance humaine. Jésus a été traité comme un voleur, comme un briguant. Ses mains ont été clouées sur la croix. Il a été exposé aux rires et aux moqueries. Son sang a coulé ; son visage a reçu les injures et les crachats.
Mais pourquoi a-t-il accepté de
souffrir ?
Jésus a vécu sa passion sur la croix
comme rançon, comme rachat pour la multitude, pour le monde entier. Il nous dit
et nous redit encore « je ne suis pas venu pour être servi,
mais pour servir et donner ma vie en rançon pour la multitude ». Jésus nous dit Je ne suis pas venu pour ma gloire, je suis venu pour que ma mort
et mes souffrances soient pour tous les hommes, pour toutes les femmes de
génération en génération cause de salut éternel. Il nous dit encore Je suis venu pour vous arracher au pouvoir de Satan et pour rétablir
dans votre dignité d’enfants de Dieu.
Voici mes frères et sœurs, le sens
des souffrances du Christ.
Le Fils de Dieu a entrevu ses
souffrances comme médiatrices de salut pour la multitude, de salut pour ses
frères et sœurs, les hommes de tous temps et de toutes nations. Il a par
conséquent compris sa croix sur fond d’un service fraternel.
Ses souffrances rendent compte de sa
vie et de son ministère : le Fils de l’homme est venu pour que les hommes aient
la vie, et qu’ils l’aient en abondance. Une mission pour-les-hommes, par amour
pour le genre humain en vue de le libérer. En conséquence, Jésus, sur le chemin
de la croix, montre au plus haut point l’amour de Dieu pour les hommes, ses
enfants. Les hommes qui sont devenus ennemis de Dieu du fait de leurs péchés,
le Christ les a aimés jusqu’à leur donner librement sa vie. Lui qui a préconisé
l’amour des ennemis, l’a vécu comme un commandement qu’il s’applique à lui-même
avant tout.
Les souffrances de Jésus, Il les a
compris comme un don : « Ma vie, nul ne la prend c’est moi
qui la donne afin de racheter tous mes frères humains ». Sa mort n’était donc pas une
fatalité, mais un événement s’insérant dans le dessein divin. Le Christ a remis
sa vie dans les mains du Père en sacrifice de réparation afin de justifier les
multitudes. C’est-à-dire restaurer, redonner à tous les hommes leur sainteté
perdue. (Justifier signifie ici sauver)
Alors en un mot pourquoi Jésus a-t-il
souffert ?
Une seule réponse POUR NOUS SAUVER ET POUR NOUS APPRENDRE À DONNER NOTRE VIE
POUR CEUX QU’ON AIME.
Or, nous sommes appelés à aimer tous
les hommes. "Ceux qu’on aime" renvoie à tous les hommes.
À partir de ce moment, l’homme n’est plus seulement chose parmi les choses. Dieu est devenu homme afin que par ses souffrances, l’homme devienne Dieu par sa foi en Jésus.
Alors, pourquoi avons-nous peur devant les adversités, devant les difficultés de la vie ?
C’est conscient de notre difficulté à mettre toute
notre confiance en Dieu que l’auteur de la lettre au Hébreux dans la 2ème
Lecture, nous demande de tenir ferme dans l’assurance de notre foi. En d’autres
termes, il ouvre nos yeux sur notre identité chrétienne. Si nous sommes
chrétiens, c’est-à-dire des personnes vivantes, sauvées comme l’est le Christ
victorieux de la mort, c’est parce qu’un jour Dieu a traversé les cieux ;
Il est descendu, Il a pris notre chair humaine afin de participer à notre
souffrance et nous sauver. Ainsi, nous ne sommes plus seuls. Nous avons Dieu
même avec nous. Voici la merveille qu’Il a accomplie.
Le
texte que nous avons écouté, nous dit en substance que Dieu a décidé de
compatir à nos faiblesses. Cela signifie que Dieu nous connaît ; Dieu sait
ce que nous traversons ; Il n’est pas insensible à nos misères, à nos
fragilités. Lui-même est passé par là. Alors nous devons avancer avec assurance
vers le Trône de la grâce pour obtenir miséricorde et recevoir en temps voulu
le secours de la grâce divine.
Oui
frères et sœurs, avançons-nous avec assurance. Le texte ne dit pas « restons couchés et Dieu fera tout à notre place ». Si
Dieu a souffert, nous, qui sommes-nous pour ne pas souffrir ? Nous allons
connaître la souffrance qui peut se décliner en maladie, faim, difficultés
financières, perte d’un être cher, etc. Mais toutes ces difficultés, toutes ces
souffrances doivent être vécues en pensant à Jésus. Penser à Jésus au cœur de
notre souffrance signifie assumer notre souffrance en ne cherchant pas des
échappatoires diaboliques (suicide, recours à
la sorcellerie, vol, corruption, tricherie…) C’est aussi partir de
cette souffrance, travailler encore plus pour nous en sortir et nous dire que
notre souffrance actuelle participe au salut du monde. Il nous faut comprendre
que toute souffrance doit être vécue dans la perspective de l’union au Christ
souffrant pour le salut du monde.
Le
chrétien est appelé à accueillir et à assumer la souffrance dans l’offrande
totale de sa personne au Christ, son modèle. Si le Christ n’a pas exclu de sa
vie le poids de la souffrance pour obtenir de manière définitive la rédemption
de l’humanité, il est clair que la souffrance humaine vécue chrétiennement
demeure ce passage naturel pour atteindre le bonheur eschatologique, le bonheur
éternel, déjà sur la terre, comme le Christ notre maître. Chacun devra entrer
en lui-même pour voir ce qui fait sa souffrance et commencer à trouver les
stratégies pour en sortir victorieux. Car le Christ n’est pas resté dans le
tombeau, Il en est sorti victorieux.
C’est
cela la véritable vie chrétienne. Parvenir à comprendre que notre foi
chrétienne est capable de déplacer les montagnes, non pas pour nous éviter de
souffrir, mais pour trouver au sein de la souffrance les moyens de libération
certaine, dans la justice et la vérité.
La
souffrance n’est pas forcément une punition de Dieu. Il nous faut enlever cela
de notre esprit. Chacune de nos actions a des conséquences. L’on ne peut pas
rester sous la pluie sans parapluie et espérer ne pas se mouiller. C’est
impossible. Donc certaines de nos actions entraînent des conséquences.
N’accusons ni Dieu, ni les sorciers. Cependant,
il ne s’agit pas de subir les épreuves de la vie. Il s’agit de se battre
loyalement pour en sortir. Il ne faut pas récriminer contre Dieu, il ne
faut pas non plus l’attendre comme celui qui viendra agir à notre place. Le
Christ a souffert dans les cris et les larmes pour atteindre son but, celui de
sauver les hommes. Toi mon frère ma sœur tu es appelé, grâce à la foi que tu as
en Christ, à travailler pour l’amélioration de tes conditions de vie, dans la
sueur, la justice et la vérité. Le
Christ n’est pas mort pour nous empêcher de souffrir, pour qu’on arrête de
souffrir. Il n’est pas non plus mort pour nous apprendre la résignation. Nous
sommes les fils du Roi comme le Christ ; comme Lui nous sommes appelés au
service, dans la douleur et les larmes afin de ressusciter. « Donner notre
vie pour nos frères » La grâce de Dieu nous est déjà accordée pour
réaliser cette mission.
Que le Seigneur nous donne la claire vision de ce que nous avons à faire et la force de l’accomplir. Qu’Il nous fasse vouloir ce qu’Il veut pour la gloire de son Nom et le salut du monde.
Abbé Marie Daniel AKON
Prêtre de l' Archidiocèse d'Abidjan, Côte d'Ivoire
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