3ème DIMANCHE DE CARÊME ANNEE B
Textes du jour : Ex 20, 1-17 / Ps 18b (19) / 1 Co 1, 22-25 / Jn 2,13-25
Chers frères et sœurs, après nous
avoir conduits au désert, puis sur la montagne de la Transfiguration, le Christ
veut nous montrer en ce troisième Dimanche de Carême que le véritable temple où
Dieu fait sa demeure, c’est Son Corps, par ricochet le corps de tout chrétien. Le lieu où Dieu établit sa demeure, c’est le chrétien en
relation avec l’Église Universelle, en relation avec l’église paroissiale, pour
impacter positivement la société.
Ainsi, notre méditation voudrait
partir de l’appel universel à la sainteté par le respect des commandements en
passant du regard posé sur Jésus Temple Nouveau pour aboutir à la mission du chrétien dans le monde.
Premier point : appel universel à la
sainteté par le respect des commandements surtout celui du repos sacré
L’homme, dans la pédagogie divine, a toujours bénéficié des
prévenances de l’amour du Seigneur. Dieu le Père, dans son dessein, a toujours
voulu que nous soyons saints comme Lui-même est Saint. C’est pourquoi dans la
première Lecture, Il a donné au peuple d’Israël des normes, des lois pour
réguler son agir et l’aider à marcher à sa suite.
Voilà le sens du Décalogue, les dix (10) paroles du Seigneur. Plus que de simples formules ordonnant ou interdisant, il s’agit d’une charte d’alliance qui a pour fondement la reconnaissance de Dieu comme l’Unique, afin qu’en Le reconnaissant comme Tel, l’homme puisse l’imiter dans son vécu de tous les jours. Présente dans l’Arche, cette charte était le signe de la Présence de Dieu au milieu de son Peuple.
En retour, le respect des
commandements est une réponse de l’homme à l’amour de Dieu. De ce fait,
l’observance du repos du sabbat doit se comprendre comme participation à
l’œuvre divine, une participation de toute la création, l’homme et les bêtes.
Aujourd’hui encore, une telle participation nous est demandée ; elle est même obligatoire pour nous chrétiens. Car le Christ n’a pas aboli le repos sacré : Il l’a porté à son achèvement quand Il est ressuscité le dimanche, premier jour de la semaine. En réalité le repos juif ou Sabbat, c’est le samedi. Jésus, par sa Résurrection, a établi le Dimanche comme jour de la Nouvelle Création, comme moment privilégié de la rencontre avec Lui.
Mais aujourd’hui, que faisons-nous
du dimanche? Quelle est sa valeur pour nous chrétiens ? Oui, il est vrai
que l’idée de repos est contenue dans le dimanche, mais de quel repos est-il
question ? Est-il un repos qui nous fasse oublier la Messe pour nous
consacrer entièrement aux loisirs ? Et même la Messe anticipée a été placée pour nos frères
et sœurs qui en raison de certaines tâches ne peuvent pas participer à la Messe
dominicale.
Mes frères, mes sœurs, le Dimanche
c’est le Jour du Seigneur, le jour où nous venons puiser des forces neuves pour
notre marche à sa suite. Redonnons toute sa place au Dimanche afin qu’il reste
un repos pour le corps à cause du Seigneur, le corps qui est son sanctuaire, sa
demeure, nous dit Jésus dans l’évangile de ce jour.
Deuxième point : Regard posé sur Jésus
Temple Nouveau de la nouvelle alliance
Le lien entre Corps
et Temple est mis en relief à travers la célèbre scène de Jésus au Temple de
Jérusalem. Le Temple est considéré par les Juifs comme le lieu par excellence
de la présence de Dieu. Jésus y entre, se met en colère et chasse les
commerçants en s’écriant : Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon
Père une maison de commerce. La
vue du spectacle désolant qui a transformé la maison de son Père en Foire commerciale, ne pouvait que
susciter une telle réaction de sa part. Jésus a compris que la maison de Dieu a
perdu son sens véritable pour devenir un lieu de trafic et de négoce.
Heureusement que ce spectacle n’est pas visible dans
l’Église Catholique. Pas besoin de sacrifice inutile de bœufs et de brebis.
L’Unique Sacrifice, c’est le Christ, l’Agneau Immolé pour la rémission des
péchés comme l’a dit Jean-Baptiste. Par son unique sacrifice, il venait
remplacer tous ces sacrifices qui n’effaçaient pas les péchés. Ainsi sa réponse « Détruisez ce sanctuaire et en trois
(3) jours je le relèverai » trouve tout son sens.
Jésus ne parle plus de temple, mais de sanctuaire. Jésus ne met plus l’accent sur
l’édifice aussi beau qu’il soit, avec ses parvis, ses cours, et autre. Mais
plutôt sur le sanctuaire, sur le saint des Saints ; Il parlait du Lieu de
la Demeure de Dieu ; Là où Dieu siège avec l’Arche de l’Alliance. Jésus
est le Temple Nouveau, c’est-à-dire le sanctuaire, la charte de la Nouvelle Alliance, la
Présence de Dieu en ce monde. Il nous faut Le regarder exposé sur la
Croix et sur le visage de notre semblable.
Voilà frères et sœurs, la folie de
Dieu, la valeur du Corps du Christ qui rend caduc tout lieu de culte avant Lui.
Ainsi, la présence de Dieu n’est plus un édifice, mais est une Personne. C’est
un Corps, le Corps de Jésus Vivant à jamais. C’est ce qu’Il annonça à la Samaritaine
quand Il disait « L’heure vient où ce ne sera ni sur
cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père ».
Raison pour laquelle toute la liturgie de l’Église n’existe et ne se déploie
qu’autour de ce Corps. Il est en même temps l’église paroissiale qui accueille
ce Corps ; Il est l’Autel sur lequel ce Corps est célébré; Il est le Pain,
l’Eucharistie ; Il est aussi le Tabernacle. Mais au-delà, par le baptême,
Il est chaque chrétien marchant et vivant sur terre. Par conséquent, tout
chrétien devient à son tour, et c’est le plus important, Temple nouveau,
sanctuaire de la présence divine.
Troisième point : le chrétien, un Jésus vivant et agissant
au cœur du monde.
Le chrétien vit et agit au cœur du
monde à partir des commandements divins. Jésus ne les a pas abolies. Il les a
conduits à leur achèvement c’est-à-dire, qu’avec Jésus les commandements ne
doivent plus être compris comme un ensemble de normes extérieures qui obligent
ou contraignent, mais plutôt comme une éthique, un comportement, un style de
vie qui pousse le chrétien à vivre comme Jésus Lui-même aurait vécu. Qu’est-ce
à dire ?
Ø
Si Jésus était un chef d’entreprise
par exemple en ce 21ème siècle, respectant le commandement Tu ne
convoiteras pas le bien d’autrui, Il n’allait jamais spolier son
employé en le privant de son dû, de son salaire.
Ø
Si Jésus était un haut fonctionnaire
de l’État, Il ne commettrait pas de vol en détournant les richesses de son
peuple ou en faussant le droit et la justice.
Ø
Si Jésus était un homme marié ou une
femme mariée, Il ne convoiterait pas la femme ou le mari de son prochain.
Ø
Si Jésus était là, présent de chair
et d’os en ce 21ème siècle, fils de Marie et de Joseph, Il allait
les honorer et les respecter malgré leur modeste condition de vie.
Ø
Et si Jésus était un prêtre comme
moi, garant du salut de ses frères et du sien, Il sanctifierait le Jour du
Seigneur, en célébrant l’Eucharistie comme si c’était Sa dernière Pâque. À
partir de cette pleine sanctification, Il serait toujours là pour écouter,
consoler et guider, Lui le Bon Pasteur.
Mais en vérité Jésus n’est-Il pas
tout cela ? Il a dit je serai avec vous jusqu’à la fin des temps.
Comment est-Il avec nous aujourd’hui si ce n’est aussi par ce mode
sacramentel ? Sacrement de l’Eucharistie, oui, mais présence à travers
chacune de nos personnes. Jésus, aujourd’hui, c’est le baptisé qu’il soit
prêtre, étudiant, chef d’entreprise, femme ou homme au foyer, ouvrier, pauvre,
riche. Le Corps de Jésus, c’est aussi l’autre, la servante battue et
maltraitée, l’orphelin, la veuve, qui ont besoin de notre regard compatissant
et de notre charité.
Mes
frères mes sœurs, en ce troisième dimanche de Carême, c’est le lieu d’entrer en
nous-mêmes et de nous demander : suis-je réellement un Jésus marchant et vivant en ce
monde dans tout ce que je fais ? Analysons-nous !
Et si le Christ n’est plus en nous, prenons le fouet de la conversion
véritable, chassons tout ce qui ne confesse pas son Nom ! Recherchons-Le,
pour sa plus grande gloire, Lui qui règne maintenant et pour les siècles des
siècles.
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