3ème
Dimanche de Carême — Année A
Frères et
Sœurs, les textes de la liturgie de ce dimanche sont pleins de bouleversements :
- Dans la première lecture, le peuple d’Israël récrimine contre Moïse, celui qui, au nom du Seigneur les a tirés des chaînes de l’esclavage en Égypte, à la liberté vers la terre promise.
- Le Psaume 94 revient sur ce fait comme nous avons pu le constater.
- Saint Paul, dans la seconde lecture, nous donne la bouleversante nouvelle du Christ mort pour le salut des pécheurs.
- Enfin, l’évangile est celui de la Samaritaine.
Cette histoire de la Samaritaine, nous l’avons
tellement entendue que nous avons l’impression de la connaître « par cœur » ?
Comment peut-elle encore nous étonner, nous saisir au point de nous bousculer
dans notre routine ?
Cette femme, comment me rejoint-elle dans mon quotidien ?
Cette histoire banale, apparemment, d’une femme qui a besoin d’eau pour faire
lessive et cuisine, comment rejoint-elle notre vie de communauté ?
Dans le désert de Samarie, nous assistons à une
rencontre improbable.
Aux heures les plus
chaudes, une femme arrive au puits. Drôle d’heure pour aller chercher de l’eau !
Jésus fatigué, est assis sur une pierre.
Cette femme se serait, sans doute,
faite discrète si Jésus ne lui avait pas demandé à boire. Avec sa vie un peu
dissolue, elle devait être en marge de la société et regardée de travers. C’est
peut-être bien pour cela qu’elle va chercher de l’eau, seule, en plein midi… A
cette époque, les samaritains et les juifs ne se fréquentaient pas et une femme
n’aurait pas osé parler à un homme en transgressant les conventions de la
société.
Mais, Jésus brisant les tabous, s’adresse à cette
femme et lui demande quelque chose à sa portée : de l’eau pour boire, tout
simplement.
Jésus se fait mendiant devant cette pauvre femme. Il se met à sa
hauteur et le dialogue s’engage, la parole se libère. La conversation change de
registre, elle ne situe plus seulement au niveau des besoins du corps. Jésus
l’amène sur le plan spirituel en lui posant, avec délicatesse et justesse, des
questions pertinentes sur sa vie. Il lui permet d’ouvrir son cœur et de faire
la lumière. La samaritaine, encombrée de ses problèmes de cruche et d’eau à
puiser, de ses problèmes sentimentaux et de sa vie agitée, de ses questions
religieuses « où adorer ? », dépose tout cela au pied de Jésus. Elle fait la
vérité en elle, se libère de ce qui la plombe, de son péché. Son cœur et son
intelligence sont alors en état de se laisser toucher par les paroles de Jésus,
de reconnaître le Messie, de l’adorer en esprit et en vérité…
Cette femme en marge a profondément changé, elle
devient annonciatrice de la bonne nouvelle et ses concitoyens acceptent son
témoignage. Elle est réintégrée dans la société, et a retrouvé, dans sa
rencontre avec Jésus, une vie apaisée, unifiée.
Le chemin parcouru par la samaritaine est un
excellent exemple pour nous et peut constituer un fil rouge à suivre en ce
temps de carême.
Principalement la rencontre avec Jésus : Tout découle
de là. La rencontre personnelle avec Jésus est essentielle pour vivre notre foi.
Jésus transforme nos vies, à condition de lui
ouvrir notre cœur et de nous laisser faire.
La difficulté qui s'en suit est d’être
fidèle à la présence du Seigneur au long des jours de notre vie et de nous
laisser transformer par le Christ.
La samaritaine et Jésus nous donnent trois
pistes pour entretenir et faire vivre notre relation avec le Seigneur :
- D’abord, avoir soif de Dieu et de sa Parole, se mettre à l’écoute du Seigneur dans la prière, la méditation de l’évangile, l’adoration en « esprit et en vérité » ; inviter Jésus à demeurer chez nous.
- Ensuite, avoir un regard lucide sur notre vie, sur nos actes, avoir le courage de faire la vérité sur nos relations aux autres et à Dieu. « Je n’ai pas de mari », dit la femme et Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq… là tu dis vrai ».
- Enfin, déposer tout ce qui nous tire vers le bas au pied du Seigneur. C’est en reconnaissant son péché que cette femme est sauvée. Pendant ce carême le sacrement de réconciliation nous est proposé. Il permet de nous remettre en vérité devant le Seigneur, pour qu’il nous guérisse, nous pardonne et nous sauve.
L’épisode
de la Samaritaine et la récrimination du peuple d’Israël au désert nous
permettent sans crainte de savoir que la véritable soif à avoir
c’est la soif de Dieu qui est la source et l’origine de notre vie, de notre
être et de notre mouvement ; la seule faim à avoir est celle de faire la
volonté de Dieu.
En effet, la volonté de Dieu de l’aimer plus que tout et
d’aimer nos frères comme nous-mêmes est le véritable aliment de notre âme, la
communion que nous partageons, l’Eucharistie que nous célébrons par notre vie.
Que le Christ Jésus, qui est amour et qui nous aime pour que nous puissions à
notre tour l’aimer; qui, selon la seconde lecture de ce jour, a donner sa vie
pour nous et répand par son Esprit l’Amour de Dieu dans nos cœurs, nous donne
de pouvoir entrer dans la plénitude de l’adoration du Père en esprit et en
vérité, lui qui règne tout amour et toute miséricorde, pour les siècles des
siècles. Amen
Abbé
Marc-André MAWU TION
Prêtre du Diocèse d'Abidjan
mt_marcandre@yahoo.fr
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