By S. - En marche à la suite de Christ

(Blog chrétien - le carnet d'un pèlerin)

dimanche 28 mars 2021

 DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR  ANNEE B

 

Textes du jour : Is 50, 4-7 / Ps 21 (22) / Ph 2, 6-11  / Mc 14, 1 – 15, 47


Mes frères et mes sœurs


Dans le premier Évangile écouté, nous avons entendu la foule dire : « Hosanna ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient. » ; Dans le second, la foule cria à Pilate « Crucifie-le ! ». Ces deux cris vont à l’endroit de la même personne, Jésus notre Seigneur ; acclamé par les foules, puis renié par elles. L’être de Jésus a toujours été caractérisé par cette ambiguïté : Dieu très haut, il s’est abaissé à devenir homme ; riche qu’il est, il s’est fait pauvreté ; Roi de gloire, sa couronne était d’épines et ses vêtements royaux d’une unique tunique. Il n’avait pour suite ni gardes lourdement armés, ni d’hommes puissants de son temps, mais des disciples et apôtres bien souvent rebuts de la société.


Sa vie et son ministère étaient conformes à son être, ce qui l’a conduit librement à la mort. Il a subi de faux témoignages, coups et crachats, abandons et reniements par presque tous, pour finir comme un voleur sur la croix. Jésus a rencontré joies et douleurs, adhésion à son message et rejet. Recherché pour ses miracles par certains, traité de proche de Satan par d’autres pour les mêmes prodiges. Lorsqu’il nourrissait les foules de pain, elles couraient vers lui. Mais lorsqu’il leur proposait son corps et son sang en nourriture, il devenait pour eux fou, un paria rejeté de tous. L’élite romaine l’a sollicité pour ses miracles, la même élite l’a crucifié sur la croix. Certains des grands prêtres l’ont appelé maître en secret, d’autres, les plus nombreux, on dit en public qu’il est un blasphémateur.


Ces sentiments opposés, observés par les uns et les autres face à Jésus, se remarquent aussi dans nos vies de baptisés. En effet, lorsque tout va bien pour nous, nous acclamons Jésus, nous sommes prêts à le suivre et à témoigner de ses bienfaits. Mais lorsque, soudain, une difficulté arrive, nous le renions, comme Pierre qui, par trois fois a publiquement dit qu’il ne le connaissait pas.


Cette ambivalence est aussi ressentie dans notre vie professionnelle. Nous sommes tiraillés par le fait de vouloir vivre au travail, les exigences de notre foi, mais en même temps, nous sommes confrontés à la réalité professionnelle : corruption sans vergogne, ordre direct des responsables hiérarchiques en contradiction flagrant avec Jésus, la calomnie pour pouvoir avancer. Et dans le but de sauver et de protéger notre poste, nous abandonnons les préceptes de Dieu pour nous ranger derrière les forces obscures et du mal. C’est justement ça, la source de tout le mal que nous faisons : vouloir sauver notre poste, notre fonction, nos avoirs, notre savoir en un mot vouloir nous sauver.


En réalité ce n’est pas mauvais de vouloir être sauvé, mais ce qui est mis en cause ici, c’est vouloir se sauver par soi-même, par ses propres forces, par ses propres manières de faire, en rejetant Dieu.


Depuis Adam jusqu’à nous, en passant par Caïn, par le peuple d’Israël ou même par David, l’histoire du salut grouille d’hommes et de femmes qui ont voulu sauver leur vie en excluant Dieu. Cette manière de vouloir vivre par soi-même, en excluant Dieu, a donné aux hommes de se tourner vers des idoles, vers des vérités et attitudes qui rejettent ses préceptes. « Le crucifie-le » exprimé par la foule aujourd’hui est, en fait, le cri de tous ceux qui depuis Adam ont décidé de mettre à mort le Seigneur pour sauver eux-mêmes leur vie. Mais, Jésus nous dit : « celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. »


Mes frères et mes sœurs, le sens de cette grande fête qui nous conduira jusqu’au matin de la résurrection, c’est de laisser Jésus être le seul et l’unique maître de notre vie.

 

Fêter ce jour, c’est décider de le suivre sur tous ses chemins, qu’ils soient joyeux comme l’entrée triomphale à Jérusalem ou dramatique comme sa mort cruelle et lâche sur la croix. C’est aussi prendre position pour Jésus en toute chose et à tout moment, car comme dit notre Archevêque : « on ne peut pas être chrétien les jours pairs et le contraire les jours impairs. »


Ce dimanche est aussi, le dimanche du choix, nous devons choisir entre ceux qui disent : « hosanna, ô fils de David » et ceux qui crient : « A mort crucifie-le. »


Le Seigneur nous a dit par la bouche de son prophète Moïse : « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. » Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras… ; si tu détournes ton cœur, si tu n’obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir, certainement tu périras. 

 


Quel choix allons-nous faire ? Que le Seigneur nous aide à faire le bon choix ! Lui qui règne pour les siècles des siècles.



Abbé Joseph Milafany  Y.

Prêtre du diocèse d'Abidjan






dimanche 21 mars 2021

5ème DIMANCHE DE CARÊME ANNEE B

 

Textes du jour : Jr 31, 31-34 / Ps 50 (51) / He 5, 7-9  / Jn 12, 20-33


 Mes frères et mes sœurs

 

            Pendant ma méditation de l’Évangile, j’ai été frappé par cette phrase : « nous voudrions voir Jésus. » Ce sont des Grecs, venus adorer Dieu à Jérusalem pour la pâque qui posent leur préoccupation à Philippe. Mais pourquoi font-ils une telle demande ?

 

            En fait, ça fait déjà plus de deux ans, que Jésus a commencé sa mission publique. Et il a fait d’énormes signes et prodiges. Le dernier en date était la résurrection de Lazare. Pour rappel, depuis le prophète Élisée, il n’y avait plus eu de miracle de résurrection. Donc les témoins de ce grand miracle de Jésus étaient tous dans la stupeur et l’admiration. Ils ont dû partager la nouvelle de ce grand prodige autour d’eux, de sorte que tout le monde parlait de Jésus. Si bien que lorsqu’il monte à Jérusalem pour la pâque, il est accueilli comme un grand prophète.

 

Nous comprenons donc bien que les juifs de la diaspora, les grecs dont il est question, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas sur le territoire de Jérusalem et aux alentours, veulent voir Jésus. Ils veulent mettre le visage sur le nom de celui dont ils ont entendu parler, ils veulent rencontrer l’auteur des prodiges et des merveilles, ils veulent voir Jésus.

Jésus est pour eux, une attraction, un sujet de curiosité.

 

Bien souvent, nous sommes comme ces grecs. Nous venons rencontrer Jésus à la messe, dans l’Eucharistie sans plus. Nous venons, parce qu’on nous a appris à venir à la messe. Nous venons parce que nous avons entendu qu’il fait des miracles. Nous venons pour nous faire bien voir de la société. Nous venons pour pouvoir avoir un sujet de conversation pendant la semaine :‘‘Tel a porté quelle paire de chaussures ? Ou, tel autre est venu avec une nouvelle voiture, ou encore celui-ci a fait tel don’’.

Notre voir Jésus est basé souvent sur des futilités.

 

Ces attitudes indignes du voir Jésus peuvent nous aider à comprendre la réponse qu’il fait à André et Philippe. A la requête des grecs qui veulent le voir, Jésus répond en disant : « l’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. » et il poursuit en disant : « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. »

Que veut dire une telle réponse ?

Le mot « glorifier » ici, n’est pas en rapport avec le prestige mais est en lien avec Dieu. Et il signifie dans le contexte biblique, révéler la présence de Dieu. Donc en disant : « l’heure est venue où le fils de l’homme doit être glorifié », Jésus dit que l’heure est arrivée où le Fils de l’homme doit révéler Dieu tel qu’il est. Le moment est arrivé ou lui Jésus doit montrer le vrai visage du Père ; Où lui, verbe de Dieu doit dire qui est vraiment Dieu.

 

Cette réponse mise en rapport avec la demande initiale, nous introduit au cœur du mystère de ce jour. Jésus veut faire comprendre aux grecs qui veulent le voir parce qu’il fait des miracles, signes et prodiges, qu’ils doivent plutôt chercher à le voir parce que par sa vie, il révèle Dieu tel qu’il est.

L’on cherche à voir Jésus, pas parce qu’il peut faire quelque chose pour nous, mais parce qu’il nous montre Dieu.

C’est vrai que la première chose qui nous attire à Jésus, qui nous pousse à vouloir le voir, peut-être un miracle, une consolation, une parole qui nous a fait de l’effet. Ce qui doit nous faire rester en Dieu c’est que nous ne nous arrêtions pas au miracle, mais qu’à travers Jésus, nous rencontrions vraiment le visage du Père.

 

Rappelons-nous, dans l’Évangile de Jean, de la samaritaine qui était venu puiser de l’eau. Elle a rencontré Jésus, qui lui a parlé de sa vie et elle a vu en lui un prophète. Après cet échange qui bouleverse sa vie, elle repart sans sa cruche pour annoncer à ses frères qu’elle a vu le Messie. Ceux-ci après l’avoir rencontré, disent à la femme : « ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

 

Mes frères et mes sœurs, Jésus veut faire comprendre aux Grecs et à nous tous ce dimanche que ce n’est pas d’abord parce qu’il fait des miracles, des prodiges que nous devons croire en lui, mais parce qu’à travers lui, nous contemplons Dieu et que nous voyons tout l’amour qu’il a pour nous. Et c’est justement cet amour qui l’a conduit jusqu’à la croix pour tisser l’alliance nouvelle dont nous parle le prophète Jérémie dans la première lecture.

En effet, le prophète dit : « voici venir des jours, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle… Cette alliance, je l’écrirai au plus profond d’eux-mêmes, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. »

 

L’expression « Alliance Nouvelle » ne se trouve qu’une seule fois dans tout l’Ancien Testament. Et Jésus-Christ qui est venu établir cette alliance nouvelle, quand il instituait l’Eucharistie, mémorial de sa mort et de sa résurrection dira : « cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. » C’est par ce sacrifice, symbolisé dans l’Évangile de ce jour par son élévation sur la croix, qu’il nous donne la vie. Qu’il établit l’Alliance Nouvelle qui fait de nous le peuple de Dieu.

 

En Définitive, se tourner vers celui qui nous a sauvé, vers le grain de blé qui est mort et qui donne du fruit, vers celui qui a été élevé et qui a donné son corps et son sang pour établir une alliance nouvelle avec son Père pour faire de nous le nouveau peuple de Dieu, c’est cela la vraie raison qui doit nous pousser à vouloir voir Jésus, à vouloir le rencontrer, à vouloir avoir une relation avec lui.

 

Mes frères et mes sœurs, demandons comme pain de ce jour au Seigneur, la grâce de vouloir le rencontrer, de vouloir avoir une relation avec lui, pas parce qu’il opère des miracles, mais parce qu’il nous aime jusqu’à donner sa vie et que nous aussi nous voulons l’aimer et vivre pour lui et avec lui. A lui la gloire pour les siècles des siècles

Abbé Joseph Milafany  Y.
Prêtre du diocèse d'Abidjan




dimanche 14 mars 2021

 

4ème DIMANCHE DE CARÊME ANNEE B

Dimanche de la joie

 

Textes du jour : 2 Ch 36, 14-16.19-23 / Ps 136 (137) / Ep 2, 4-10  / Jn Jn 3, 14-21


Frères et sœurs bien-aimés,

Pour nous permettre de vivre dans les meilleures dispositions cette seconde moitié du temps de carême, l’Église notre mère nous donne en ce 4e dimanche, une merveilleuse pause avec le dimanche de Laetare, c’est-à-dire le dimanche de la joie, qui est une note particulière dans notre temps de carême, puisqu’il nous laisse entrevoir la joie de Pâques, celle que procura le Christ ressuscité.

Aujourd’hui donc réjouissons-nous, oui réjouissons-nous dans le Seigneur, car il est miséricordieux et veut le salut de tous les hommes, malgré leurs faiblesses et leurs péchés.

 

La première lecture nous montre bien comment, en refusant d’accueillir cet amour gratuit de Dieu, l’homme s’éloigne de lui et s’égare dans son péché. Cela est bien illustré par l’histoire du peuple d’Israël, qui avait multiplié les infidélités en se détournant du véritable Dieu, pour imiter les sacrilèges des nations païennes. Malheureusement cela conduit ce peuple en exil, loin de sa terre.

Frères et sœurs, il est douloureux de constater que les choses n'ont vraiment pas changées ; nous n’avons pas appris de l’histoire, puisque le monde aujourd’hui est encore plongé dans les ténèbres, l’indifférence et l’incroyance. Oui le monde aujourd’hui a encore trop d’idoles et nous les connaissons bien : l’argent, le profit démesuré, la recherche à tout prix du pouvoir et de la vaine gloire, le plaisir de toutes sortes et chacun d’entre nous peut s’y reconnaitre ou compléter la liste. Oui mon frère, ma sœur, c’est quoi ton idole ? C’est quoi cette chose qui t’éloigne de Dieu et dont tu as du mal à t’en séparer ?

 

Le peuple d’Israël, pendant son exil se croyait abandonné, mais après 70 ans, voilà que la promesse de Dieu va s’accomplir : le peuple est pardonné et retourne à Jérusalem. Quelle joie ! Quelle exultation et quelle réjouissance pour ce peuple ! Nous pouvons aussi nous réjouir, car Dieu n’a pas changé, il est le même Dieu miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, qui veut le bonheur de tous ses enfants. Il ne nous enferme pas dans nos fautes du passé, mais nous invite à la véritable repentance pour le pardon de nos péchés. Saint Paul nous dit justement, dans la deuxième lecture de ce jour, que Dieu prend toujours soin de son Peuple, et il le fait par pure grâce. Il dit en effet : « C’est bien par sa grâce que vous êtes sauvés ». Nous ne sommes donc pas sauvés par nos mérites, mais par grâce. Nous devons donc rendre grâce au Seigneur pour toutes les grâces reçues de lui.

 

Bien-aimés, s’il est vrai que Dieu nous sauve par pure grâce, il reste néanmoins que nous sommes invités à nous disposer pour la recevoir. Oui malgré nos infidélités et nos péchés, nous devons désirer le salut et y croire, car personne n’est exclu du ciel tant qu’il est encore vivant. De fait, comme nous le dit Jésus lui-même dans l’Evangile de ce jour : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que par lui, le monde soit sauvé ». C’est dire ici que nous ne pouvons pas nous enfermer dans notre passé, aussi sombre soit-il, et laisser qu’il nous pourrisse, alors que Dieu, lui, nous pardonne. Ainsi, même si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur ; dans son amour miséricordieux, la seule chose qu’il attend de nous, c’est qu’en reconnaissant humblement nos péchés, nous travaillions pour revenir à lui de tout notre cœur.

 

Bien-aimés, dans cet extrait de l’Evangile, le Christ nous fait comprendre que le jugement que nous redoutons tant, ne vient pas de Dieu, mais de nous-mêmes ; ce sont nos œuvres qui nous jugeront. La finale de cet extrait est claire à ce sujet. Le jugement le voici : « la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres parce que leurs œuvres étaient mauvaises ».

Oui nous le savons, celui qui fait le mal ne vient pas à la lumière de peur que ses œuvres ne soient dénoncées. A chacun donc d’examiner son cœur, sa vie et ses œuvres pour voir s’il est fils de lumière ou fils de ténèbres. Dans tous les cas Bien-aimé; il ne se fait pas encore tard. Puisque tu es encore vivant, tu peux tout recommencer, balayer les aspects sombres de ta vie passée et repartir à zéro avec le Christ.

 

Ouvrons nos yeux pour accueillir la lumière qu’apporte le Christ en ce moment privilégié de notre vie. Laissons-le diriger, conduire, guider le volant de la barque de notre vie et ayons foi en lui, car il ne nous trompera jamais, est fidèle maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !


Abbé Charles AKITIO

Diocèse de Bafoussam-Cameroun





dimanche 7 mars 2021

 

3ème DIMANCHE DE CARÊME ANNEE B

 

Textes du jour : Ex 20, 1-17 / Ps 18b (19) / 1 Co 1, 22-25  / Jn 2,13-25 


Chers frères et sœurs, après nous avoir conduits au désert, puis sur la montagne de la Transfiguration, le Christ veut nous montrer en ce troisième Dimanche de Carême que le véritable temple où Dieu fait sa demeure, c’est Son Corps, par ricochet le corps de tout chrétien. Le lieu où Dieu établit sa demeure, c’est le chrétien en relation avec l’Église Universelle, en relation avec l’église paroissiale, pour impacter positivement la société. 


Ainsi, notre méditation voudrait partir de l’appel universel à la sainteté par le respect des commandements en passant du regard posé sur Jésus Temple Nouveau pour aboutir à la mission  du chrétien dans le monde.

 

Premier point : appel universel à la sainteté par le respect des commandements surtout celui du repos sacré

 

L’homme, dans la pédagogie divine, a toujours bénéficié des prévenances de l’amour du Seigneur. Dieu le Père, dans son dessein, a toujours voulu que nous soyons saints comme Lui-même est Saint. C’est pourquoi dans la première Lecture, Il a donné au peuple d’Israël des normes, des lois pour réguler son agir et l’aider à marcher à sa suite.


Voilà le sens du Décalogue, les dix (10) paroles du Seigneur. Plus que de simples formules ordonnant ou interdisant, il s’agit d’une charte d’alliance qui a pour fondement la reconnaissance de Dieu comme l’Unique, afin qu’en Le reconnaissant comme Tel, l’homme puisse l’imiter dans son vécu de tous les jours. Présente dans l’Arche, cette charte était le signe de la Présence de Dieu au milieu de son Peuple.

En retour, le respect des commandements est une réponse de l’homme à l’amour de Dieu. De ce fait, l’observance du repos du sabbat doit se comprendre comme participation à l’œuvre divine, une participation de toute la création, l’homme et les bêtes.


Aujourd’hui encore, une telle participation nous est demandée ; elle est même obligatoire pour nous chrétiens. Car le Christ n’a pas aboli le repos sacré : Il l’a porté à son achèvement quand Il est ressuscité le dimanche, premier jour de la semaine. En réalité le repos juif ou Sabbat, c’est le samedi. Jésus, par sa Résurrection, a établi le Dimanche comme jour de la Nouvelle Création, comme moment privilégié de la rencontre avec Lui.

Mais aujourd’hui, que faisons-nous du dimanche? Quelle est sa valeur pour nous chrétiens ? Oui, il est vrai que l’idée de repos est contenue dans le dimanche, mais de quel repos est-il question ? Est-il un repos qui nous fasse oublier la Messe pour nous consacrer entièrement aux loisirs ? Et même la Messe anticipée a été placée pour nos frères et sœurs qui en raison de certaines tâches ne peuvent pas participer à la Messe dominicale.

Mes frères, mes sœurs, le Dimanche c’est le Jour du Seigneur, le jour où nous venons puiser des forces neuves pour notre marche à sa suite. Redonnons toute sa place au Dimanche afin qu’il reste un repos pour le corps à cause du Seigneur, le corps qui est son sanctuaire, sa demeure, nous dit Jésus dans l’évangile de ce jour.

 

Deuxième point : Regard posé sur Jésus Temple Nouveau de la nouvelle alliance

 

 Le lien entre Corps et Temple est mis en relief à travers la célèbre scène de Jésus au Temple de Jérusalem. Le Temple est considéré par les Juifs comme le lieu par excellence de la présence de Dieu. Jésus y entre, se met en colère et chasse les commerçants en s’écriant : Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. La vue du spectacle désolant qui a transformé la maison de son Père en Foire commerciale, ne pouvait que susciter une telle réaction de sa part. Jésus a compris que la maison de Dieu a perdu son sens véritable pour devenir un lieu de trafic et de négoce.

Heureusement que ce spectacle n’est pas visible dans l’Église Catholique. Pas besoin de sacrifice inutile de bœufs et de brebis. L’Unique Sacrifice, c’est le Christ, l’Agneau Immolé pour la rémission des péchés comme l’a dit Jean-Baptiste. Par son unique sacrifice, il venait remplacer tous ces sacrifices qui n’effaçaient pas les péchés.  Ainsi sa réponse « Détruisez ce sanctuaire et en trois (3) jours je le relèverai » trouve tout son sens.

Jésus ne parle plus de temple, mais de sanctuaire. Jésus ne met plus l’accent sur l’édifice aussi beau qu’il soit, avec ses parvis, ses cours, et autre. Mais plutôt sur le sanctuaire, sur le saint des Saints ; Il parlait du Lieu de la Demeure de Dieu ; Là où Dieu siège avec l’Arche de l’Alliance. Jésus est le Temple Nouveau, c’est-à-dire le sanctuaire, la charte de la Nouvelle Alliance, la Présence de Dieu en ce monde. Il nous faut Le regarder exposé sur la Croix et sur le visage de notre semblable.

Voilà frères et sœurs, la folie de Dieu, la valeur du Corps du Christ qui rend caduc tout lieu de culte avant Lui. Ainsi, la présence de Dieu n’est plus un édifice, mais est une Personne. C’est un Corps, le Corps de Jésus Vivant à jamais. C’est ce qu’Il annonça à la Samaritaine quand Il disait « L’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père ». Raison pour laquelle toute la liturgie de l’Église n’existe et ne se déploie qu’autour de ce Corps. Il est en même temps l’église paroissiale qui accueille ce Corps ; Il est l’Autel sur lequel ce Corps est célébré; Il est le Pain, l’Eucharistie ; Il est aussi le Tabernacle. Mais au-delà, par le baptême, Il est chaque chrétien marchant et vivant sur terre. Par conséquent, tout chrétien devient à son tour, et c’est le plus important, Temple nouveau, sanctuaire de la présence divine.

 

Troisième point : le chrétien, un Jésus vivant et agissant au cœur du monde. 

 

Le chrétien vit et agit au cœur du monde à partir des commandements divins. Jésus ne les a pas abolies. Il les a conduits à leur achèvement c’est-à-dire, qu’avec Jésus les commandements ne doivent plus être compris comme un ensemble de normes extérieures qui obligent ou contraignent, mais plutôt comme une éthique, un comportement, un style de vie qui pousse le chrétien à vivre comme Jésus Lui-même aurait vécu. Qu’est-ce à dire ?

Ø  

Si Jésus était un chef d’entreprise par exemple en ce 21ème siècle, respectant le commandement Tu ne convoiteras pas le bien d’autrui, Il n’allait jamais spolier son employé en le privant de son dû, de son salaire.

Ø  

Si Jésus était un haut fonctionnaire de l’État, Il ne commettrait pas de vol en détournant les richesses de son peuple ou en faussant le droit et la justice.

Ø  

Si Jésus était un homme marié ou une femme mariée, Il ne convoiterait pas la femme ou le mari de son prochain.

Ø  

Si Jésus était là, présent de chair et d’os en ce 21ème siècle, fils de Marie et de Joseph, Il allait les honorer et les respecter malgré leur modeste condition de vie.

Ø  

Et si Jésus était un prêtre comme moi, garant du salut de ses frères et du sien, Il sanctifierait le Jour du Seigneur, en célébrant l’Eucharistie comme si c’était Sa dernière Pâque. À partir de cette pleine sanctification, Il serait toujours là pour écouter, consoler et guider, Lui le Bon Pasteur.

Mais en vérité Jésus n’est-Il pas tout cela ? Il a dit je serai avec vous jusqu’à la fin des temps. Comment est-Il avec nous aujourd’hui si ce n’est aussi par ce mode sacramentel ? Sacrement de l’Eucharistie, oui, mais présence à travers chacune de nos personnes. Jésus, aujourd’hui, c’est le baptisé qu’il soit prêtre, étudiant, chef d’entreprise, femme ou homme au foyer, ouvrier, pauvre, riche. Le Corps de Jésus, c’est aussi l’autre, la servante battue et maltraitée, l’orphelin, la veuve, qui ont besoin de notre regard compatissant et de notre charité.


Mes frères mes sœurs, en ce troisième dimanche de Carême, c’est le lieu d’entrer en nous-mêmes et de nous demander : suis-je réellement un Jésus marchant et vivant en ce monde dans tout ce que je fais ? Analysons-nous ! Et si le Christ n’est plus en nous, prenons le fouet de la conversion véritable, chassons tout ce qui ne confesse pas son Nom ! Recherchons-Le, pour sa plus grande gloire, Lui qui règne maintenant et pour les siècles des siècles. 


Abbé Marie Daniel AKON

Prêtre de l' Archidiocèse d'Abidjan, Côte d'Ivoire