By S. - En marche à la suite de Christ

(Blog chrétien - le carnet d'un pèlerin)

dimanche 28 février 2021

 

2ème DIMANCHE DU TEMPS DE CARÊME ANNÉE B

 

Textes du jour : Gn 22, 1-2.9-13.15-18 / Ps 115 (116 b) / Rm 8, 31b-34 / Mc 9, 2-10      

   

Chers frères et sœurs, en ce 2ème dimanche du Temps de Carême, les textes liturgiques sont traversés par le mot fils. Dans la première lecture, c’est sur Isaac, le fils unique d’Abraham que notre regard se tourne. Ensuite, dans la seconde lecture, Saint Paul nous présente le Christ, Fils de Dieu, comme expression de son amour pour nous. Enfin dans l’évangile, Jésus, Fils de Dieu manifeste sa gloire aux yeux de ses disciples.

         Cependant, au-delà de cet accent mis sur la figure du fils, c’est surtout l’invitation à écouter la voix du Seigneur, la Parole du Seigneur qui doit retenir notre attention en ce 2ème dimanche de Carême. Car si Abraham n’a pas craint de sacrifier son fils Isaac, c’est parce qu’il a écouté la Voix du Seigneur qui l’y invitait. Il avait foi que cette voix qui lui avait demandé un jour quitte ton pays, qui lui a dit par la suite je te donnerai une descendance, ne pouvait ni se tromper et ni le tromper. Alors il gagnerait à L’écouter, car par Elle, il croyait assurément que d’une manière ou d’une autre son fils lui serait rendu.


Mes frères, mes sœurs, si Paul nous montre le Christ comme objet de l’amour inconditionnel du Père, c’est pour nous inviter à regarder vers Celui qui est assis à la droite du Père. Et comment Le regarder, si ce n’est que par l’écoute de Sa Parole ?

C’est pourquoi dans l’évangile, le Seigneur nous commande d’écouter son Fils. Pourquoi devons-nous L’écouter ? Et comment pourrions-nous L’écouter aujourd’hui ?

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ». Ce commandement divin au trois (3), c’est à nous qu’il s’adresse aujourd’hui. Celui que vous avez vu transfiguré, c’est mon Fils, resplendissement de ma gloire éternelle, écoutez-le.

Vous devez l’écouter car Il récapitule en Sa Personne, la Loi et les prophètes, matérialisés par la présence d’Elie et de Moïse.

Écoutez-le parce qu’en Lui se trouve la vie. Il vous a annoncé sa souffrance et sa mort prochaines (Mc 8, 31-38), mais celles-ci sont en fait chemin de glorification et de salut.

Mes frères et sœurs, il nous faut écouter le Christ Jésus pour transfigurer avec Lui et comme Lui.

Écoutez-Le,  car comme Pierre, Jacques et Jean à la vue de ce qu’Il est dans sa gloire, vous comprendrez que le salut n’est qu’en Jésus. C’est sûrement le sens de la disparition d’Elie et Moïse. Lorsque la Voix du Père a retenti, il n’est resté que Jésus tout seul, pour que nous n’ayons pas à nous tromper de personne.

Mais comment écouter la Voix du Fils aujourd’hui ? Comment la distinguer au milieu de milieu de tant d’informations, de bruits, de chansons, d’annonces ? Comment percevoir la Voix du Fils au milieu de tant de voix qui semblent plus forte et comme emprisonnant la Parole de Dieu ? Mais avant, qu’est-ce que « écouter le Fils » ?


Écouter Jésus, c’est nous ouvrir au salut que Dieu nous offre. Alors pour nous ouvrir au salut offert, c’est, comme Abraham, préférer le Seigneur à tout autre chose. Cela ne signifie nullement abandonner notre famille, notre travail, nos biens matériels. Cela signifie les considérer comme reçus de Dieu et les mettre au service de la communauté humaine. Cette mise en service passe par la disponibilité envers le prochain qui sollicite notre secours ou qui même s’il ne le sollicite pas témoigne un manque.


Écouter Jésus Fils de Dieu, c’est entrer dans le dessein de Dieu à travers toutes nos tâches humaines. Dans ce cadre, écouter le Christ consisterait à travailler honnêtement, à fuir la corruption sous toutes ses formes. Écouter la Voix du Seigneur, admet, et à juste titre, la ponctualité à son bureau ou à son commerce. C’est aussi et surtout la fidélité à son épouse et à son époux, l’amour des parents envers leurs enfants et vice-versa. Aimer son enfant, ce n’est pas le laisser faire ce qu’il veut ; le laisser poser des actions répréhensibles. Non ! C’est surtout lui apprendre le bien et le mal ; et l’entraîner à rejeter le mal.


En un mot, écouter la Voix de Jésus, c’est ouvrir sa Bible pour y trouver la nourriture pour notre âme, la nourriture pour notre vie sur la terre. C’est pourquoi, il nous faut absolument trouver des moments de prière, des temps où nous nous retirons dans la pièce la plus retirée de notre chambre, c’est-à-dire notre cœur pour y trouver Dieu.

Sans ce retour à soi-même pour y trouver Dieu, il nous sera bien difficile d’entendre Dieu nous parler. Et il est vrai aussi que Dieu ne nous parlera peut-être pas avec une voix humaine, où nous distinguerons comme Abraham ou Samuel les paroles. Mais ses paroles pourraient nous apparaître comme des motions de l’Esprit, le murmure d’une brise légère qui nous rassureront devant une situation ou nous conforteront face à une prise de décision.

Il faut alors créer des temps de silence, afin de lutter contre ce matérialisme ambiant qui emporte nos efforts de conversion et nous entraîne dans le brouhaha de l’existence ; ce matérialisme qui nous broie et nous transforme à la fin en loques humaines. Ces temps de silence pourraient se dérouler dans la méditation du chapelet, afin d’être toujours scotché à Jésus par Marie.

 

Écouter la voix du Seigneur aujourd’hui, c’est marcher en Sa présence, en homme vivant, convaincu de sa foi chrétienne.

 

Que Dieu nous garde ! Fructueux temps de Carême 2021 !


Abbé Marie Daniel AKON

Prêtre de l' Archidiocèse d'Abidjan, Côte d'Ivoire









dimanche 21 février 2021

 Récollection de carême (partie 3)

 

Le Carême,

Moment favorable pour prendre soin de soi et des autres. 


Pour accéder à 

la partie 1 de l'enseignement, cliquez sur le lien ci-après Récollection de carême - partie 1 (Introduction)

à la partie 2 de l'enseignement, cliquez sur le lien ci-après Récollection de carême - partie 2 (prendre soin de soi)


II)              Prendre soin des autres

 

Prendre soin des autres, c’est être attentif à leur besoin et dans la mesure de nos possibilités, travailler à leur venir en aide.

Cela passe en ce temps de carême à veiller sur la santé des autres et à faire d’eux la cible de nos actions caritatives.

 

1)   Veiller sur la santé des autres

 

Prendre soin des autres commence également en cette situation de covid19, par prendre soin de leur santé.

Prendre soin de leur santé, c’est s’assurer que, je ne suis pas celui par lequel, l’autre peut tomber malade. C’est aussi, sensibiliser, car prévenir est mieux que guérir.

Veiller sur la santé des autres est déjà remarquable, le Seigneur nous demande également d’être attentifs aux besoins des autres.

 

2)   La pratique de la charité comme moyen par excellence de prendre soin des autres

 

Le carême nous donne également l’occasion de pratiquer de manière plus intense la charité, ce moyen par excellence pour prendre soin des autres.

Je voudrais retenir trois points qui pourront nous aider pour notre carême 2021 :

ü la fraternité humaine,

ü venir en aide à nos frères et sœurs

ü et construire un monde plus fraternel et plus juste.

 

La première des choses, qui nous permettra de prendre soin des autres, c’est de nous reconnaître tous comme des frères et des sœurs.

 

a)    La fraternité universelle

 

Aujourd’hui, de plus en plus, l’homme a moins conscience que celui qui est en face de lui est aussi une personne humaine avec qui il partage l’humanité. Autour de nous, tout est fait pour circonscrire l’homme dans un cadre qui exclut la plupart des autres.

Sans critiquer le bien qui en ressort, aujourd’hui les réseaux humains se veulent fermés. Nous mettons des barrières pour empêcher les gens de se rencontrer. Les riches ont leur monde, les classes moyennes ont le leur et le reste du peuple, parce que pauvre, en a un autre.

Nous regardons l’homme, et à son aspect physique, à son habillement, à son smartphone ou à sa voiture, nous le rangeons dans l’une ou l’autre catégorie. Et nous nous imaginons avoir des rapports ou non avec l’autre en fonction de son compte bancaire ou de sa position sociale. Ainsi, je suis fier de dire que j’ai pour oncle tel ministre qui en réalité n’a aucun lien de sang avec moi, mais je dis tête baissée que je ne connais pas un tel, parce que pauvre, lui qui pourtant est vraiment mon sang.

Par ailleurs, nos clôtures domestiques reflètent bien souvent les clôtures de nos cœurs, avec caméra et détecteur de position sociale pour être sûr que celui qui y trouve place est de la même classe sociale que moi ou appartient à la classe supérieure. Et nous oublions qu’en fait devant Dieu nous sommes tous frères et sœurs. A ce titre il ne devrait pas avoir de différence entre nous.

Dans l’Eglise, nous nous appelons frères et sœurs, mais le pensons-nous vraiment ? Voyons-nous l’autre comme un frère, comme une sœur ?

Nous commencerons véritablement à prendre soin des autres, quand nous accepterons que tous nous sommes frères. L’autre, cet être vil qui me persécute est aussi mon frère, de même, à contrario, cette personne que je persécute est aussi ma sœur.

Étant frères et sœurs, nous avons l’obligation de nous aider.

 

b)    Venir en aide à mon frère

 

Prendre soin de l’autre qui est mon frère et ma sœur, c’est, étant conscient de son problème, lui venir en aide sans rien espérer en retour.

Jésus disait en Luc 10, 30-37 « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.” Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

Frères et sœurs, souvent, devant nos frères qui souffrent nous nous comportons exactement comme le prêtre ou le lévite. Nous regardons de l’autre côté, nous cherchons des excuses souvent même dans notre religion pour ne pas prendre soin de l’autre qui souffre.

Jésus nous prescrit de venir en aide à celui qui souffre après avoir identifié son besoin. Venir en aide, c’est lui donner quelque chose qui peut soulager sa souffrance.

Observons l’attitude du samaritain, qui avait toutes les bonnes raisons de lui aussi regarder ailleurs : il pansa les blessures, le chargea sur sa propre monture et conduisit dans une auberge, paya pour qu’il puisse être soigné.

A celui qui faim on ne tend pas un bâton. On donne à manger. Le temps de carême est un temps concret où on apprend à identifier les besoins de nos frères et sœurs et à venir à leur aide selon nos moyens.

Prendre soin de l’autre, c’est aussi construire un avenir meilleur dans lequel il pourra vivre.

 

c)     Construire un monde plus fraternel et plus juste

 

Notre pays et le monde entier ont été choqué par la mort de Ani Guibahi Laurent Barthélémy, âgé de 14 ans voulant se rendre en France dans l’espoir d’un avenir meilleur. Il est mort de froid dans le train d’atterrissage d’un avion reliant Abidjan à Paris.

A côté de cela on raconte qu’aujourd’hui plusieurs parmi ceux qui sont chargés de rendre la justice, la rendent en faveur des plus offrants sans tenir compte de leur impartialité. Il se dit aussi que plusieurs parmi ceux qui sont chargés des concours publics, vendent l’admission à des prix d’or dans l’ignorance totale de l’ordre du mérite.

Aussi, c’est tous les jours qu’on accuse à tort ou à raison ceux qui sont chargés de faire respecter les lois. Il est dit d’eux qu’ils protègent et défendent des hors la loi moyennant compensation financière.

On dit également que dans notre société, selon « qui tu es » ou selon tes entrées, tu peux bafouer le droit de l’innocent sans risque de te voir inquiéter. Et si ce dernier a quelques velléités de faire valoir ses droits, il peut terminer en prison. Le juste que l’on persécute est déclaré coupable. Et pour couronner le tout on dit même que les personnes morales, comme les guides religieux, sont corrompues et prêchent la Bonne Parole et donnent les bénédictions selon que tu t’appelles Pierre-Paul ou Paul-Pierre.

En fait ce contexte social est symptomatique d’une société en crise. Et nous chrétiens, nous devons aider à la construction d’une société plus juste et plus fraternelle où l’autre qui est mon frère peut vivre en toute quiétude.

Il ne nous est pas demandé de détourner notre regard et de dire « si depuis toujours l’aiguille de la montre tourne de gauche à droite, ce n’est pas moi qui vais changer. » Or l’aiguille de la montre tourne en principe de la droite vers la gauche. Il ne s’agit pas non plus de dire : « je suis venu trouver ça comme ça, moi aussi je vais prendre pour moi et partir. » Il s’agit plutôt à l’humble niveau où je me situe dans la chaîne, de combattre l’injustice sous toutes ses formes pour que demain, mon frère puisse trouver un monde plus juste.

Il s’agit de laisser mes valeurs chrétiennes m’imprégner jusqu’à dans ma profession. Car je suis chrétien les jours pairs et chrétiens également les jours impairs. C’est à ce prix, que nous bâtirons une société plus fraternelle pour nos frères qui en ont besoin.

 

 

Conclusion

 

Je voudrais terminer en nous rappelant, que le carême 2021, ne doit pas être un carême de plus dans ma (notre) plus ou moins longue vie de baptisés. Mais il doit être un carême qui me donne l’occasion de prendre soin de moi, de ma santé physique et de ma santé spirituelle en étant plus proche de Dieu par la prière permanente. Il doit aussi être un carême qui me donne l’occasion de prendre soin des autres en les considérant comme mes frères, en leur apportant de l’aide selon mes possibilités sans détourner le regard et en contribuant à construire un monde plus juste et une société plus fraternelle.

 

Que le Seigneur nous y aide et que la gloire lui revienne, lui qui règne pour les siècles des siècles.

Par 

l' Abbé Joseph Milafany  Y.
Prêtre du diocèse d'Abidjan




Récollection de carême (partie 2)

 

Le Carême,

Moment favorable pour prendre soin de soi et des autres. 


Pour accéder à la partie 1 de l'enseignement, cliquez sur le lien ci-après Récollection de carême - partie 1 (Introduction)

 

 

I)              Prendre soin de soi

 

 

Le temps de carême est le temps par excellence où nous sommes appelés à aller vers les autres. Ainsi compris, l’invitation à prendre soin de soi peut paraître égoïste ou antiévangélique. Pourtant le thème pastoral de notre année nous recommande de prendre soin de soi.

Prendre soin de soi est comme nous le savons être à l’écoute de ses besoins afin de les satisfaire.

Or le thème de notre année pastorale nous demande de faire aux autres ce que nous voulons qu’ils fassent pour nous.

Cela implique nécessairement de me connaître, savoir ce qui est bon pour moi, le désirer et en définitive, faire de même pour l’autre.

Ainsi, prendre soin de soi n’est pas antiévangélique, bien au contraire, dans le cas de notre carême 2021 c’est veiller sur sa santé. Avoir un mode de vie sain.

 

Nous parlerons ici, brièvement de la santé physique puis, plus longuement de la santé spirituelle.

 

1)   Santé Physique

 

Hier le point de la situation sanitaire en ce qui concerne la maladie à coronavirus dans notre pays était : 1486 personnes en traitement, et 185 personnes décédées. Si nous rendons grâce à Dieu de nous avoir relativement épargné de la maladie, nous devons prendre soin de notre santé. Porter notre masque, pas seulement à l’Eglise mais aussi partout où cela est nécessaire et respecter la distanciation physique.

A côté de notre santé physique, nous avons une santé aussi importante sur laquelle nous devons veiller : la santé spirituelle. C’est sur celle-là que je vais le plus insister

 

 

2)   Santé spirituelle

 

Le mercredi des cendres, l’Eglise nous a proposé trois attitudes qui devraient nous accompagner tout au long de notre carême :

ü la prière,

ü l’aumône

ü et le jeûne.

 

Je voudrais à la faveur de cet enseignement m’appesantir sur la prière. Ici, précisons bien qu’il ne s’agit pas de la prière communautaire, mais de la prière personnelle.

Comme nous le savons, la prière est le moyen pour communier avec Dieu. Le carême est un temps favorable, où nous devons parler avec Dieu. A partir de trois textes, je voudrais relever quelques caractéristiques de la prière chrétienne.

 

a)    La prière doit être discrète

 

Le premier texte, c’est celui qui a été lu le mercredi des cendres :

«Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » Matthieu 6,5-7.

La prière chrétienne n’est pas une prière pour se faire voir.

L’hypocrite dans son sens originel, est une personne qui porte un masque pour jouer un rôle. Quand le Seigneur nous demande de ne pas prier comme les hypocrites et qu’il faut se retirer dans la pièce la plus retranchée, il veut nous rappeler que la prière chrétienne est discrète.

Le chrétien ne prie pas pour montrer aux autres qu’il prie. La prière n’est pas une comédie ; elle nous permet d’entrer en intimité avec Dieu. La grandeur de Dieu est telle qu’il se laisse rencontrer dans le secret. Là où nous sommes seuls avec lui, là où personne ne peut nous voir, là où l’humain étreint le divin, là où la Parole écoute celui qui parle, là où le Souffle de Dieu écoute celui qui souffle.

 

Le Seigneur dans ce temps de carême nous attend dans le secret et il désire que l’on vienne jusqu’à lui.

 

La prière n’est pas seulement intime, elle doit aussi être humble.

 

b)    La prière doit être humble


De prime abord, nous pouvons être choqués d’entendre que la prière doit être humble. Eh bien, oui, elle doit l’être.

Une prière authentique, une prière vraie, est une prière dans laquelle le chrétien se situe devant Dieu tel qu’il est, avec humilité. C’est-à-dire celui qui attend de lui miséricorde et pardon. C’est ce que nous enseigne le deuxième texte que je voudrais partager avec vous :

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain. Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » Luc 18,10-14.

Le chrétien ne prie pas pour dire à Dieu ce qu’il fait pour lui ou pour les autres, mais il prie pour présenter ses faiblesses et misères à Dieu.

Prier chrétiennement est l’attitude de celui qui ne se glorifient pas devant Dieu, car il sait que tout ce qu’il est, tout ce qu’il a provient de lui.

Celui qui prie ne juge pas son prochain, mais pose un regard d’amour sur lui. La prière que nous devons présenter à Dieu est une prière qui nous ramène à la vérité de ce que nous sommes : des hommes et des femmes qui ont besoin de lui et qui sans lui ne peuvent rien faire.

 

Si la prière doit être discrète et humble, elle doit aussi être insistante.

 

c)     La prière doit être insistante

 

La prière chrétienne doit aussi se faire insistante. C’est ce que relève le troisième texte que je vous propose :

« Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? » Luc 18, 2-7

Souvent nous prions et nous sommes décourager, mais le Seigneur nous rappelle que nous devons prier avec insistance, pas parce qu’il serait sourd, mais parce que prier avec insistance, nous rend familier de Dieu. Et c’est cette familiarité avec Dieu qui nous transforme et nous permet de comprendre l’action de Dieu pour nous.

En réalité, comme vous l’avez sans doute remarqué, prier c’est se rapprocher de Dieu, c’est se laisser transformer par lui. Et pour ce temps de carême 2021, je voudrais nous proposer, comme exercice, la prière permanente, pour notre bien-être spirituel. Il ne s’agit pas seulement d’avoir des moments de prières et de rencontres avec Dieu, mais notre défi sera d’être des hommes et des femmes de prières. Pour utiliser un langage actuel, des hommes et des femmes qui bénéficient d’une connexion illimitée avec Dieu.

Toutes nos journées doivent être tournées vers le Seigneur et l’on peut dire des petites phrases pour nous rappeler cette connexion à Dieu. Par exemple : « Je t’aime Jésus » ; « que ta volonté soit faite » ; « prend pitié du pécheur que je suis. »


Pour notre santé spirituelle, faisons l’expérience de la prière personnelle. 

 

Si nous prenons soin de nous, la charité chrétienne nous impose de prendre également soin des autres.

 

Pour accéder à la suite et fin  de l'enseignement, cliquez sur le lien ci-après Récollection de carême - partie 3 et fin (prendre soin des autres)


Par 

l' Abbé Joseph Milafany  Y.
Prêtre du diocèse d'Abidjan


 


 

Récollection de carême (partie 1)

 

Le Carême,

Moment favorable pour prendre soin de soi et des autres.

 

 

Frères et Sœurs,

 

A la faveur de ce temps de grâce qu’est le carême, nous aurons en lieu et place de l’homélie, un enseignement qui nous permettra d’entrer dans ce temps, en nous fixant des objectifs et en ne nous éloignant pas de l’essentiel.

 

Le thème de notre enseignement est le suivant : « le carême, moment favorable pour prendre soin de soi et des autres. »

 

Pour décliner ce thème, j’entamerai dans l’introduction, sans entrer dans les détails, sur l’origine, le sens du carême et sur la compréhension du carême comme temps favorable. Ensuite, dans la première partie, j’aborderai le carême comme temps favorable pour prendre soin de soi et enfin, dans la seconde comme temps favorable pour prendre soin des autres.

 

 

Introduction

 

·       Origine et sens du carême

 

Frères et Sœurs, comment peut-on se représenter l’origine du carême ?

 

 Aux premières heures de l’Eglise, il y avait une seule grande fête, celle de Pâques, qui commémorait la passion, la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

Les premiers chrétiens, ayant bien compris la grandeur de cette fête, avait décidé dans un premier temps de préparer pendant 3 jours les catéchumènes à ce moment. A la fin de ce temps, ils faisaient coïncider la célébration du baptême avec la fête de Pâques puisque le baptême exprime la mort au péché et la résurrection avec le Christ.

Plus tard, dans un deuxième temps, ayant estimé la grandeur du sacrement de baptême en lien étroit avec la Pâques, ils sont passés de trois à quarante jours de préparation pour les futurs baptisés.


Dans les premiers siècles, la période de préparation au baptême, qui avait lieu à Pâques, concernait uniquement les catéchumènes. C’est au IVème siècle que se manifeste la tendance à en faire un temps de pénitence pour toute l’Eglise avec pratique du jeûne et de l’abstinence de certains aliments (notamment la viande). Ainsi naît le carême, avec l’idée d’une sorte de retraite spirituelle marquée par la prière, la mortification (pénitence), le partage.


Le modèle à imiter, c’est bien sûr le Christ, luttant pendant quarante jours au désert contre Satan et ses démons qui voulaient contrecarrer sa mission ; comme nous l’avons entendu dans l’Évangile.


Retenons pour son origine et son sens que le carême est une très ancienne pratique, qui remonte aux premiers chrétiens, où pendant quarante jours, le chrétien dans la prière, la pratique de la charité et le jeûne lutte contre ce qui l’empêche de devenir un chrétien au sens authentique du terme.


Si tel est le sens et l’origine du carême pourquoi dit-on que c’est un temps favorable ?

 

·       Carême temps favorable

 

Pendant le carême, il y a une expression qui lui est liée et qui revient couramment : « carême, temps favorable ».

L’adjectif favorable, ici, est à saisir dans le sens d’opportun, de propice. Parler de carême comme temps favorable, c’est dire que ce temps est convenable à quelque chose. Et cette chose, c’est la conversion !

En effet, le temps du carême est propice à la conversion pour la simple raison, que toute l’Eglise pendant ce temps prie spécialement à cette intention. Rappelons-nous les paroles de Jésus : « Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. » Nous ne sommes pas deux, mais c’est toute l’Eglise qui prie pour la conversion personnelle de chacun de ses membres mais aussi pour qu’elle puisse mieux correspondre à la volonté de son Seigneur.

 

Le carême est donc ce temps qui dure quarante jours et pendant lequel, le chrétien veut se convertir avec l’aide de la prière, de la pénitence et de la charité. Il veut revenir à Dieu en abandonnant tout ce qui s’oppose à faire de lui un proche de Jésus.

Pour ce temps de carême, je voudrais vous proposer deux attitudes de conversion :

Ø prendre soin de soi

 

Ø et prendre soin des autres.

 

De tout ce qui a été dit, retenons que ce carême 2021, doit être pour nous ce temps favorable pour nous convertir et cette conversion passe par prendre soin de soi et des autres.


Pour accéder à la suite de l'enseignement, cliquez sur le lien ci-après Récollection de carême - partie 2 (prendre soin de soi)


Par 

l' Abbé Joseph Milafany  Y.
Prêtre du diocèse d'Abidjan




mercredi 17 février 2021

Mercredi des Cendres — Année B

Textes du jour : Jl 2, 12-18 / Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17 / 2 Co 5, 20 – 6, 2 / Mt 6, 1-6.16-18

Le voici le temps de Carême, ce temps où la ferveur des chrétiens catholiques et l’intensité de leur foi semblent s’accroître.

Le Mercredi des cendres que nous vivons en ce jour nous fait entrer dans ce temps de partage, de prière et de pénitence, ce temps d’amour profond pour Dieu mais aussi et surtout pour nos frères.

Ce temps de carême si spécial en ce moment de crise sanitaire mondiale et de pandémie doit nous interpeller outre mesure.

Le Seigneur par le truchement de son Eglise nous invite à entrer en une quarantaine particulière pour combattre et vaincre la maladie du péché en nos vies personnelles et communautaires. Cette quarantaine a pour but de ressusciter avec le Christ au matin de Pâques, devenir une créature nouvelle en lui et par lui et surtout être des témoignages vivants de son amour qui est victorieux du Mal et de tout mal.

Il nous faut pour se faire, respecter un protocole strict, centré sur la grâce de Dieu qui accompagne et couronne nos maigres mais si importants efforts.


Le prophète Joël dans la première lecture que nous venons d’entendre nous résume de la part du Seigneur l’entièreté de notre tâche. « Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. »

Le Seigneur nous veut pour lui. Il veut surtout que nous puissions depuis l’intérieur faire le grand ménage de notre existence. Déchirer nos cœurs pour en expulser tout ce qui ternit l’image de sa gloire gravée en nous, déchirer nos cœurs et non pas nos vêtements par une contrition sincère et un repentir résolu.

Nous avons à lutter contre cette fièvre quadragésimale qui nous prend chaque année jusqu’aux premières notes de l’Exultet ! Notre vie de Chrétien doit rester dans la température constante de la vérité de ce que nous sommes, des fils et filles toujours brûlants pour l’accomplissement de la volonté de Dieu notre Père. Conséquence logique, nos actes ostentatoires de piété doivent faire le pas à l’intimité avec ce Dieu caché, qui, prenant notre condition de pauvres mortels, nous invite à le suivre dans le recueillement à travers ce désert. Quarante jours de retraite personnelle avec « celui qui n’a pas connu le péché… afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » 


Les cendres que nous recevrons sont le signe de notre petitesse et de la fragilité de notre être. Cette prière du Psalmiste doit être nôtre tous les jours : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. ».

Certains que nous sommes qu’elle trouvera écho favorable auprès du Père. Le Seigneur nous l’affirme lui-même à trois reprises dans l’extrait de l’évangile selon Saint Matthieu que nous avons entendu : « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». 


Qu’en respectant scrupuleusement les prescriptions du Seigneur Jésus sur le jeûne, le partage et la prière, nous marchions allègrement et résolument vers Pâques. 

 

Heureux et Saint Carême à tous.

 Abbé Marc-André MAWU-TION

Du Christ, le serviteur inutile.

Prêtre du Diocèse d'Abidjan