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(Blog chrétien - le carnet d'un pèlerin)

dimanche 5 janvier 2020

Dimho (Dimanche Homélie) : Solennité de l'Epiphanie du Seigneur



Epiphanie du Seigneur — Année A
Dimanche 05 Janvier 2020


Textes du jour : Is 60, 1-6   Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13  / Ep 3, 2-3a.5-6)   / Mt 2, 1-12

Une célèbre maxime de notre pays dit que : « celui qui a vu la panthère et celui qui ne l’a pas vu n’ont pas la même manière de courir ». Pris dans un sens chrétien, l’on pourrait affirmer que celui qui a vu le Christ et celui qui ne l’a pas vu n’ont pas la même manière de vivre.
La fête de l’épiphanie que nous vivons en ce jour est essentielle pour notre vie de chrétien. En effet, Le mot Epiphanie vient du grec épiphanéia : « apparition » ; de épiphainéin : « paraître ou briller sur ». La Solennité de l’Epiphanie célèbre la manifestation de Jésus comme Messie. 
Le magnifique texte poétique d’Isaie préfigure en quelque sorte l’épiphanie de Jésus. Il se situe vers 520 avant Jésus Christ, c’est-à-dire une vingtaine d’années après le retour de l’exil à Babylone. Il est une invitation à nous laisser guider, au milieu de nos obscurités, par la lumière du Christ, à ne pas demeurer dans les ténèbres du fatalisme et du désespoir. Ces paroles d’Isaïe, comme le dit le pape François, « nous appellent à nous lever, à sortir, à sortir de nos fermetures, sortir de nous-mêmes, et à reconnaître la splendeur de la lumière qui illumine nos existences ».
Les responsables de l’Eglise, les responsables d’un service d’Eglise ont vocation à se laisser éclairer par les paroles et la vie de Jésus, à se centrer sur Lui et non sur eux-mêmes : non pas « moi, je » sais tout, non pas « moi je » peux tout, non pas « moi j’ai » tout mais c’est Lui Jésus le Verbe, Lui la vraie Lumière, Lui la seule richesse, Lui qui nous offre tout son Amour.
Saint Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, nous rappelle que toutes les femmes et tous les hommes sont invités à entrer dans le mystère de la révélation et de l’incarnation. Ce n’est pas un secret jalousement gardé par Dieu. L’Evangile de Jésus, sa Bonne Nouvelle, s’adresse à l’univers entier. Pour ce faire, les membres de notre Eglise ont à témoigner de façon crédible, dans le quotidien de leur vie de la tendresse de notre Dieu.
Notre société nous habitue à venir vénérer, adorer voire idolâtrer les stars du sport, de la chanson, de la politique, ou les grands de ce monde. On nous habitue, à longueur de jour à aduler les puissants, les têtes couronnées, celles et ceux qui ont reçu la consécration médiatique. Il me plaît que les mages viennent adorer et combler de présents ce petit être fragile, couché dans une mangeoire, qu’est l’enfant Jésus.
Sachons reconnaître les signes que Dieu offre, comme l’étoile pour les mages. Reconnaissons cette lumière qui émane du visage de cet enfant né dans la simplicité d’une maison de périphérie de Bethléem entre une maman Marie et un papa Joseph pleins d’amour et de foi.
Trois sens me paraissent à relever pour notre vie chrétienne d’aujourd’hui.
Pour cela, repartons du récit évangélique. Sœurs et Frères en Jésus, dans l’évangile de Matthieu, nous n’avons que peu d’informations sur les Mages : qu’une étoile les a guidés vers Bethléem. Le pape François déclare : « ils ne se lassent pas d’affronter les difficultés de la recherche ». D’ailleurs, si Hérode les reçoit, c’est que ces personnages avaient une notoriété « internationale » certaine. On n’entre pas chez Hérode comme cela !
Le premier sens de l’épiphanie, c’est que, dès la naissance de son Fils, Dieu fait le premier pas vers chacun d’entre nous. Un pas de proximité, en appelant des bergers à venir adorer l’enfant Jésus. Un grand pas culturel, en appelant des scientifiques de l’époque à venir de loin, adorer aussi le même enfant Jésus. Chacun est ainsi rejoint par la Bonne Nouvelle. D’abord les pauvres, ensuite les savants. Que ce soit ceux qui gardent les troupeaux, attentifs aux nouvelles des environs, ou que ce soit ceux qui étudient le monde, qui cherchent à en décrypter le fonctionnement, attentifs aux phénomènes de la nature. L’appel du Seigneur est premier et destiné à tous. Ce qui est remarquable, c’est que les mages sont appelés à partir de ce qu’ils étudient, dans leur propre sujet de recherche. C’est précisément là que Dieu les rejoint, au point qu’ils se mettent en route.
Et voici précisément le deuxième sens de l’épiphanie : Dieu, présent en humanité dans l’enfant Jésus, peut être reconnu dans la foi quelle que soit notre condition, notre culture, notre éducation, nos diplômes, notre métier, nos passions, nos goûts. Regardez les mages : à partir de leur science, ils font un chemin qui se termine par un acte de foi, l’adoration devant l’enfant Jésus nouveau-né. Le chemin des mages a débuté par la rationalité, il se termine par la grâce, lorsque Dieu se fait reconnaître. Ainsi, c’est d’abord Dieu qui cherche chacun d’entre nous. Il fait toujours le premier pas vers nous, personnellement, avant même que nous fassions le premier pas vers lui. Ainsi, soyons davantage attentif aux signes que Dieu nous adresse pour nous rejoindre, parfois discrètement, au cœur de nos activités humaines dans la réalité de notre quotidien, non seulement à travers des événements et des rencontres, mais aussi à travers ce que nous sommes, et même à travers nos connaissances et nos expériences quotidiennes, comme pour les mages. Tout ce que nous sommes, tout ce que nous vivons et partageons, peut se révéler être chemin vers Dieu.
Nous sommes alors invités à ne pas nous limiter à l’accusé de réception de cet appel, mais à orienter nos pas à partir de l’appel, pour rejoindre le Seigneur dans cette même réalité quotidienne, comme les mages qui se déplacent jusque sur le lieu de la naissance de Jésus, et qui le reconnaissent à travers la symbolique de leurs présents : l’or signe de la royauté, l’encens signe du grand prêtre éternel qui nous relie à Dieu, la myrrhe utilisée pour embaumer les morts, signe de la mort aussi bien que signe de la victoire sur la décomposition des corps. Jésus-Christ connaîtra la mort, mais ressuscitera des morts. Roi de l’univers, grand prêtre et unique médiateur entre Dieu et les hommes.
Cela nous conduit au troisième sens de l’Épiphanie : le Christ universel est venu pour tous, afin qu’aucun ne soit perdu et ne reste dans l’obscurité. Comme nous l’écrit Saint Paul dans la seconde lecture, l’épitre aux Éphésiens, « ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile ». Toutes les nations : ce n’est pas seulement au sens politique, c’est aussi au sens culturel, donc universel. L’avènement du Christ-Jésus donne sens et salut à l’univers, à la vie, à nos propres vies, même si l’obscurité du mal, de la souffrance est encore présente autour de nous et en nous. Le livre d’Isaïe et le psaume que nous avons écoutés l’affirment : « Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur » (épi : sur, phanos : se lève, se manifeste) ; « Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, dont il sauve la vie ». Le faible et le pauvre, c’est celui qui éprouve un manque, que ce soit matériel pour sa survie, que ce soit affectif ou même encore spirituel dans sa propre humanité.
« Celui qui a vu la panthère et celui qui ne l’a pas vu n’ont pas la même manière de courir ». Cette Épiphanie, nous la recevons là où nous sommes, tels que nous sommes. Nous en vivons et elle nous transforme pour nous diviniser progressivement. Que cette solennité de l’Épiphanie nourrisse notre foi, notre espérance et notre charité afin de poursuivre notre pèlerinage vers le Seigneur, au cœur de notre quotidien, comme les mages l’ont expérimenté. Lui le Vivant à Jamais pour les siècles des Siècles. Amen


Abbé Marc-André Barthélémy,
Prêtre de l'Archidiocèse d'Abidjan

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