By S. - En marche à la suite de Christ

(Blog chrétien - le carnet d'un pèlerin)

dimanche 29 novembre 2020


1er Dimanche de l’Avent – Année B


Textes du jour : Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7  Ps 79 (80)   /  1 Co 1, 3-9 / Mc 13, 33-37 


Frères et sœurs bien-aimés,

l’Eglise universelle célèbre en ce jour, le premier dimanche de l’avent, qui est le tout premier de l’année liturgique ‘’B’’. Nous pouvons donc souhaiter une heureuse et sainte année à chacun. Le temps de l’avent que nous commençons aujourd’hui ouvre notre marche vers Noël, où nous allons accueillir l’enfant Jésus, l’Emmanuel. Ce temps est donc celui de l’attente ; non pas une attente triste, mais une attente joyeuse, puisque nous savons qu’elle nous ouvre à l’accueil notre sauveur.

Dans la première lecture, le prophète Isaïe nous invite à désirer et à appeler de tous nos vœux cet avènement : « Reviens Seigneur, à cause de tes serviteurs. Pourquoi nous laisser errer ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ?»

Ces paroles du prophète sont en réalité le cri de tout un peuple qui attend impatiemment son libérateur. Ce ne sont donc pas seulement des paroles du bout des lèvres, mais l’expression du plus profond désir du cœur ; le coeur de ce peuple qui reconnait sa faute et son égarement et qui désire revenir vers le Seigneur pour s’abandonner à sa volonté, puisqu’il le reconnait comme son père. C’est ce que laisse entrevoir la fin de cette première lecture : « Seigneur, c’est toi notre Père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains ».

Bien-aimés, tout comme ce peuple, nous sommes invités à prendre conscience de notre égarement. De fait, par nos nombreux péchés, nous nous sommes parfois éloignés et égarés loin du Seigneur. Il est temps de revenir à lui, non pas de façon superficielle, mais de tout notre cœur, en reconnaissant que c’est lui notre seul et vrai Sauveur, et que sans lui nous sommes perdus ; puisque sans Dieu nos vies ne sont que peines et misères ! Apprenons à redire très souvent le refrain du Psaume 79 que nous propose la liturgie de ce jour : « Dieu, fais nous revenir ; que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés ».

Frères et sœurs, cette attente du Seigneur à laquelle nous sommes invités, ne se fait pas dans la passivité, la distraction et la somnolence, mais dans la veille ; c’est l’essentiel du message de l’extrait de l’Evangile de ce jour. Le Christ dit, en effet : prenez garde, restez éveillés… car vous ne savez pas quand vient le maître…, il ne faudra pas qu’il vous trouve endormis. C’est dire que la veille dont il question ici elle celle du cœur, et non pas une invitation à nous priver, de façon abusive, du sommeil qui est indispensable pour notre équilibre et notre santé. Il s’agit donc pour nous de ne pas nous laisser distraire par séduction de ce monde au risque de passer à côté de l’essentiel. Le danger est d’autant plus réel que beaucoup sont plus portés à préparer l’aspect matériel au détriment de l’aspect spirituel. Ils prennent soin de leurs corps et laissent leurs cœurs pourrir dans le mal et l’iniquité. Bien-aimés, le temps de l’avent dure quatre semaines et c’est le temps pour nous de nous préparer, en prenant des petites décisions. Oui chacun de nous doit entrer dans ce temps avec des objectifs, pour une purification progressive, en vue d’accueillir dans un cœur saint, Celui qui est Saint : l’Emmanuel, le Fils de Dieu fait homme.

En effet, le Christ vient dans nos cœurs et nous devons lui préparer une place digne en menant une vie convenable.

Saint Paul dans la deuxième lecture de ce jour, en s’adressant aux fidèles du Christ qui sont à Corinthe, s’adresse également à nous. Il nous rappelle que c’est du Christ que nous recevons toutes les grâces nécessaires. Il nous faut donc nous tourner vers lui, car c’est lui qui nous ferra tenir fermement jusqu’au bout. Sans lui nous ne pouvons pas tenir. Ne doutons pas de lui, il est fidèle et il ne nous décevra pas si nous mettons notre confiance en lui ; il est bien là avec nous, il partage nos peines et nos joies, et c’est lui qui nous fait vivre.

Mon frère, ma sœur,

  • Quelle(s) petite(s) décision(s) prends-tu en entrant dans ce temps de l’Avent ?
  • Comment comptes-tu le vivre cette année ?

 Dans tous les cas, tu as grand intérêt à rester éveillé et à ne pas abandonner la prière, car c’est elle qui t’aidera à tenir bon.

 

Frères et Sœurs, travaillons et prions, ainsi nous hâterons la venue de Celui qui remettra à son Père un Royaume éternel et universel, Royaume de vérité et de vie, Royaume de sainteté et de grâce, Royaume de justice, d’amour et de paix.

Que Notre Dame nous y aide, afin que son Fils en arrivant nous trouve digne de l’accueillir. Lui notre frère et notre Dieu qui est vivant et qui nous aime maintenant et pour les siècles des siècles Amen.

 

Abbé Charles AKITIO

Diocèse de Bafoussam-Cameroun





dimanche 22 novembre 2020

SOLENNITE DU CHRIST ROI DE L’UNIVERS - Année A



 

Textes du jour :  Ez 34, 11-12.15-17   Ps 22 (23)   /  1 Co 15, 20-26.28  / Mt 25, 31-46


Frères et sœurs,

l’Eglise Universelle nous donne de célébrer ce dimanche, la solennité du Christ Roi de l’Univers. Pourtant les textes que la liturgie nous propose à méditer, nous présentent une royauté faite de contraires et d’oppositions.

Dans la Première lecture, le Seigneur est présenté sous les traits d’un berger attentif et soucieux du bien de son troupeau. Il rassemble le troupeau dispersé, le paît et veille sur lui. Il prend soin avec attention de chacune de ses brebis, panse et guérit les brebis blessées et malades, garde et protège celles grasses et vaillantes. Le seigneur montre ainsi l’exemple à suivre pour chaque homme qui doit veiller sur son semblable de la même façon que le Seigneur veille sur son troupeau. C’est bien ce que l’Evangile nous enseigne.

En effet, la délicatesse et l’amabilité du Seigneur sont analogues au comportement de tout homme qui doit prendre soin de son semblable affamé, assoiffé, étranger, nu, souffrant ou incarcéré. Le Seigneur Berger de son peuple est ce Roi qu’il lui faut.

Cependant, ce Bon Pasteur prend également le soin de juger entre brebis et brebis entre bélier et bouc. Saint Matthieu reprend à son compte cette assertion dans l’introduction de la Bonne Nouvelle qu’il nous annonce en ce jour. « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, … il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche ». Le fils de l’homme apparaît avec beaucoup d’humilité et de simplicité. Il n’hésite pas à prendre l’image et l’aspect du faible. Il s’identifie au malheureux pour fonder son jugement. Voilà qui nous emmène à nous interroger sur notre rapport avec les plus faibles, les malheureux, les laissés pour compte etc…. Sommes-nous capables aujourd’hui de les identifier et surtout de leur venir en aide ? Voyons-nous en nos frères et sœurs le visage du Christ, Roi en habits de mendiant, Juge de la Charité et de l’amour reçus de lui et que nous avons le devoir d’offrir au monde ? Ou bien attendons-nous le temps de carême pour répondre à haute voix : « prends pitié de nous Seigneur » quand le refrain de ce cantique nous dira : « Sous l’habit du mendiant j’ai frappé à ta porte oh mon peuple, mais tu m’as renvoyé sans partager ton pain… ». Le temps est encore favorable pour un repentir sincère et pour une remise en question de notre attitude vis-à-vis des autres mais plus encore pour une conversion véritable afin de ne pas être jugé indigne de partager la gloire du Seigneur dans le Royaume des Cieux.

Cette gloire, Saint Paul Apôtre nous en livre quelques traits dans la seconde lecture tirée de sa première lettre aux chrétiens de Corinthe. A l’inverse des deux autres lectures, le Fils de Dieu est découvert sous l’aspect d’un triomphateur. Le Christ est vainqueur de la mort et du péché qui sont entrés dans le monde par la faute d’Adam. Tous, du fait d’Adam, nous avons hérité du péché et nous connaîtrons la mort. Le nouvel Adam lui, vient pour ressusciter l’humanité. Par sa victoire sur la mort, le Christ rend aux hommes la vie et à Dieu son père la Royauté sur toute chose. C’est à Lui que Dieu à donner de soumettre toute chose et le Christ veut partager cette gloire à tout homme qui lui appartient. Si nous vivons pour le Christ, avec Lui nous ressusciterons pour entrer dans sa gloire. C’est là le sens de ces paroles reçues à notre baptême. Nous partageons sa dignité de prêtre, de prophète et de ROI.

Partager la Royauté du Christ, revient pour nous à combattre avec lui toutes les puissances du mal, soigner et visiter les malades, briser la solitude d’un laisser pour compte, d’un exclu, d’un étranger, épauler les plus faibles inquiets pour leur lendemain, donner l’espérance aux affligés, aux endeuillés, aux éplorés, etc. Chacun de nous, à quelque niveau que ce soit, peut et doit entrer dans cette lutte à travers les actes de miséricorde. Nous comprenons alors d’une autre manière cette injonction de Jésus : « soyez miséricordieux comme votre Père des Cieux est miséricordieux ». En d’autres termes, revêtez la Royauté de celui qui vous a fait rois.

La royauté du Christ se manifestera au milieu d’hommes et de femmes ressuscités, pleins d’amour et de miséricorde pour leurs frères. Cette humanité nouvelle que nous sommes appelés à constituer sera faite de brebis dociles à la voix du Bon Pasteur, qui mène ses brebis sur des prés d’herbe fraîche, vers les eaux tranquilles et qu’il conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom. A nous de nous y engager. 

Règne et commande en maître, Jésus, vrai Dieu, vrai Roi. Nous voulons nous soumettre, à ta divine loi. Que le refrain de ce cantique trouve un écho favorable dans nos cœurs et que notre vie soit témoignage à la Gloire du Christ Roi-Pasteur, Juge-Souverain et Roi-Vainqueur, lui qui règne aujourd’hui et toujours, tout Amour et Miséricorde pour les Siècles des Siècles. Amen


Abbé Marc-André MAWU-TION

Du Christ, le serviteur inutile.

Prêtre du Diocèse d'Abidjan

dimanche 15 novembre 2020


33 ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A


 Textes du jour :  Pr 31, 10-13. 19-20. 30-31  Ps 127 (128)   /  1Th 5,1-6  / Mt 25, 14-30

Frères et sœurs,

En ce 33ème dimanche du Temps Ordinaire de l’Année Liturgique A, la parabole sur les talents, suite de celle du dimanche dernier, aborde la question du Royaume des cieux. Si le dimanche dernier, Jésus attirait notre attention sur l’infidélité par insouciance, aujourd’hui, Il pointe du doigt l’infidélité par paresse ou par peur. De quoi est-il question ? 

L’évangile débute en présentant implicitement le Royaume des cieux comme un maître qui part en voyage. Il confie ses biens à chacun de ses serviteurs. Ce maître, c’est Dieu Lui-même qui, par son Fils, vient nous faire partager l’héritage des enfants de Dieu ; cet héritage  n’est rien d’autre que la Parole de Dieu que nous sommes appelés à rendre vivante dans notre vie de tous les jours. Cette idée d’héritage est mise en relief à travers les comptes faits par les serviteurs et les récompenses accordées par le maître. En effet, les biens que les serviteurs ont reçus et ont géré étaient leurs propres biens.

Cela dit, l’image du voyage représenterait la liberté accordée aux serviteurs, leur responsabilité et la confiance placée en chacun. Une responsabilité, une confiance personnelle et individuelle : « il donne à chacun selon ses capacités », nous dit l’évangile. Comme dirait l’autre, le maître dans l’évangile donne la viande à ceux qui ont des dents et la bouillie à ceux qui n’en ont pas. Tout compte fait, chacun des serviteurs a reçu et à même beaucoup reçu.

Oui ! Frères et sœurs, le talent constitue en réalité une forte somme. Car, dans la Grèce antique, il valait plus de 25 kilogrammes d’argent, soit six (6) mille drachmes. En utilisant l’image du talent, le Christ ouvre nos yeux sur les biens admirables et inquantifiables que le Seigneur donne gracieusement. Ces biens offerts par le Seigneur comprennent en premier lieu la foi. Mais aussi nos aptitudes acquises soit par l’éducation, soit par l’instruction, et nos aptitudes naturelles, liées à notre constitution génétique. Dans la vie de l’Église, ces aptitudes, ce sont les charismes à mettre au service de tous pour la bonne croissance de l’Église jusqu’au retour du Seigneur.

Ainsi, au retour du maître, les serviteurs sont convoqués pour rendre compte de leur gestion. Les deux (2) premiers sont heureux de faire l’état d’une croissance importante des sommes reçues : ils les ont doublées. L’évangile ne nous dit rien des mécanismes mis en place pour aboutir à un tel résultat. Il nous enseigne plutôt sur leur empressement à agir. Néanmoins, l’image de la femme parfaite dans la première lecture nous donne des pistes en la matière. Ils ne se sont pas endormis sur l’importance ou la beauté de leurs talents. Ils les ont mis en service. C’est pourquoi, à la fin, ils sont célébrés. 

C’est ce que n’a pas réussi le troisième serviteur. Le maître l’a traité d’infidèle, non parce qu’il a dilapidé ses biens, mais parce qu’il s’est érigé en juge de son maître. Pendant que ses amis présentent leurs œuvres, lui, ne rend que ce qu’il a reçu. Alors sa récompense sera le résultat de l’idée qu’il avait de son maître. Pour lui, son maître est dur et injuste. C’est un mauvais serviteur parce que, pour lui son maître « récolte là où il n’a pas semé ». Mais en fait, ce serviteur ne recherchait pas la prospérité du maître, mais plutôt sa propre sécurité, son propre confort. Je ne prends pas de risque. De la sorte,  je suis sûr que mon maître n’aura rien à me reprocher. Puisque le serviteur a vu le talent comme la source de sa perte, il lui sera retiré et donné à celui qui sait en profiter et en vivre. 

Chers frères et sœurs, chers parents, la parabole des talents nous renvoie à nous-mêmes dans notre façon de vivre notre vie chrétienne. La vivons-nous librement ou dans la peur ? Car si le troisième serviteur a enterré son talent, c’est parce qu’il avait peur. Une peur qui l’a tétanisé et entraîné sa paresse. Ainsi, cette parabole nous interroge sur le regard que nous portons sur Dieu.

Pourquoi Dieu nous a-t-il faits toutes ces faveurs et dans quels buts ? Comment pourrions-nous les faire fructifier vu que nous en sommes les héritiers et non pas seulement les intendants ou les gestionnaires ? Par conséquent, il nous faut prendre des risques, car nous avons une obligation de profits en vue de notre salut éternel. Avec nos pasteurs et dans la puissance de l’Esprit, nous devons mettre nos talents au service de l’Église, au service de notre paroisse. Car en fin de compte, c’est à nous-mêmes que nous faisons du bien. En remédiant l’attitude des deux premiers serviteurs, l’on comprend que le bienfait n’est jamais perdu ; il revient toujours à celui qui l’accomplit. 

Mes frères, mes sœurs, la parabole sur les talents nous donne de comprendre que la peur ou la honte ne doit pas servir de prétexte à la paresse spirituelle, à la paresse dans l’Église. Sinon, une vie chrétienne stérile sera notre lot, les pleurs et les grincements de dents seront notre héritage éternel.

« Ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants », nous dit saint Paul dans la deuxième lecture. Rester vigilant, c’est ne pas garder pour soi les richesses du Royaume. Il faut les mettre en service. À chacun de voir dans la panoplie des tâches à accomplir dans l’Église et dans le monde ce qu’il faut faire petitement, constamment, mais efficacement. Ne restons donc pas timorés. Le Seigneur nous attend.

Pour terminer, frères et sœurs, en ce 15 novembre, notre pays célèbre la paix. De plus, ce 33ème dimanche marque la célébration de la 4ème Journée Mondiale pour les Pauvres décrétée par le pape François. S’inspirant de Siracide 7, 32, le pape nous invite à leur tendre la main. C’est aussi un talent : être artisan de paix en prenant soin de plus petit que soit.

Demandons au Seigneur la force de lui rester fidèle sans peur dans la pratique des vertus humaines et spirituelles déposées gracieusement en nous, pour sa plus grande gloire et le salut du monde, maintenant et pour les siècles des siècles.

Abbé Marie Daniel AKON

Diacre du Diocèse d'Abidjan, Côte d'Ivoire

dimanche 8 novembre 2020


 32 ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A





 Textes du jour :  Sg 6 ,12-16   Ps 62 (63)   /  1Th 4,13-18  / Mt 25, 1-13



Frères et sœurs, 

L’année liturgique tire à sa fin et en ce 32ème dimanche, les textes nous invitent à pratiquer la sagesse divine car en ces temps qui sont les derniers, la fin d’une chose est mieux que son commencement. Autrement dit, c’est à la fin qu’on évalue la qualité d’une vie.

Dans la 1ère lecture extraite du Livre de la Sagesse, il est question de la sagesse. Cette sagesse, personnifiée, c’est-à-dire décrite comme une personne vivante, se révèle être la source du vrai bonheur. Grâce à elle, l’homme retrouve la paix du cœur, la perfection de la pensée et surtout sa dignité. Elle ne s’épuise jamais puisqu’elle tire sa source en Dieu. Celui qui la possède ne peut plus être comme les autres car il est toujours en avance dans la pensée. Et c’est la raison pour laquelle elle est le véritable trésor que tout homme doit rechercher. En ce sens, une vie de qualité serait une vie dictée par la sagesse et donc une vie dirigée par Dieu lui-même.

Dans l’Évangile selon Matthieu, cette idée se précise. La sagesse ici ne consiste pas à respecter des règles ou mettre en pratique le meilleur code du savoir-vivre ; elle consiste plutôt à faire le bon choix au bon moment. Faire le bon choix, c’est faire le bien et donc agir dans l’amour ; poser une action au bon moment, c’est agir avec vigilance.

Dans l’épisode des 10 vierges, nous pouvons dire plusieurs choses mais j’aimerais en retenir deux.

La première, c’est que vis-à-vis de la sagesse, nous avons la possibilité de faire un choix. Celui qui manque de sagesse est considéré comme un fou et un insensé parce qu’il compte sur ses propres forces tandis que celui qui vit de sagesse est prévoyant.

La seconde, c’est que malgré leur assoupissement, les vierges prévoyantes ont pu entrer avec l’époux. Malgré nos infidélités, nos faiblesses et nos fautes, rien n’est perdu !


La vie de sainteté à laquelle tous nous sommes appelés, ce n’est pas une vie sans chute, mais une vie où nous faisons l’effort de nous relever chaque fois que nous tombons. La beauté d’un pagne ne réside pas dans le fait que l’on ne l’a jamais porté mais plutôt dans le fait que même après l’avoir porté, il reste propre et beau parce qu’on le lave. Dieu sait très bien que nous ne sommes pas des anges. Cependant, il prend le risque de nous confier la suite de sa mission. Avec nos forces et nos faiblesses, gardons vive la flamme de la foi jusqu’au dernier jour. 

Cette flamme de la foi est aussi l’expression de l’amour. Un amour si fort que rien, pas même la mort ne peut vaincre. Dieu nous a tant aimés qu’il ne peut laisser la mort nous arracher à son amour. C’est pourquoi même si nous connaîtrons la mort, celle-là n’aura pas le dernier mot sur nous.

Dans la péricope de la 1ere lettre aux Thessaloniciens, Saint Paul nous rassure que c’est l’amour qui aura le dernier mot en ce que nous qui sommes restés fidèles à la parole de Dieu serons pour toujours avec lui. Cette parole d’espérance nous invite donc à croire et à savoir que c’est l’amour que nous avons pour Dieu qui nous conduira à lui. Autrement dit, plus cet amour est fort, plus nous serons proches de Dieu ; moins il le sera, plus, nous serons loin de lui.

Le conseil de ce dimanche pourrait donc se résumer en ceci : avec la lampe de l’amour de Dieu et l’huile de la vigilance, le sage garde toujours la flamme de la foi jusqu’au dernier jour !

Que Dieu nous remplisse de son amour pour que nous évitions de faire aux autres ce que nous ne voudrions pas subir pour nous même ! 


Abbé Jean-Chris Awoh,

Prêtre du Diocèse d'Abidjan, Côte d'Ivoire

dimanche 1 novembre 2020

Tous les Saints (Toussaint) — Année A





 Textes du jour :  Ap 7,2-4.9-14  Ps 23 (24)   /  1Jn 3,1-3  / Mt 5, 1-12


Tous ensembles réjouissons-nous, dans le Seigneur célébrons ce jour de fête en l’honneur de tous les saints.


Frères et Sœurs,

Aujourd’hui 1er Novembre, solennité de tous les saints, la liturgie nous entraîne à rendre grâce et à une grande espérance. Nous rendons grâce à Dieu pour tant d’hommes et de femmes parvenus à la sainteté. Certes, nous avons des saints connus que nous fêtons chaque année, comme saint Pierre ou saint Paul ; mais aujourd’hui, l’Eglise nous donne de célébrer dans une même fête tous les hommes et femmes connus ou non, reconnus par l’Eglise ou tombés dans l’oubli qui ont toute leur vie durant, cherchés à plaire au Seigneur et à lui seul en fuyant de toute leur force le péché. 


Frères et Sœurs, nous rendons grâce à Dieu pour « la foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. » Cette foule était-elle composée de personnes simples et pauvres ? ou au contraire de puissants de ce monde ? Ces personnes ont-elles eu la grâce d’être de grands prédicateurs de la Parole de Dieu ? Ou simplement des évangélisateurs par leur simple présence ? Quoi qu’il en soit, dans cette foule immense se retrouvent tous nos frères et toutes nos sœurs connus ou inconnus qui ont mis au cœur de leur existence le double principe de l’amour : aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et aimer le prochain comme soi-même. Comme nous l’a dit le Seigneur dans l’Évangile du dimanche dernier.


Cette action de grâce devient également pour nous grande espérance. Comme nous le savons, l’espérance est la vertu par laquelle, nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la vie éternelle. Savoir que tant d’hommes et de femmes sont parvenus à la sainteté ; et même qu’ils constituent une foule immense que nul ne peut dénombrer ; nous porte à espérer que nous aussi, un jour, nous serons membres de l’Eglise du Ciel. Nous serons comptés parmi les saints.

Oui, la porte du ciel n’est fermée pour aucun d’entre nous. Notre espérance est grande en cette solennité, parce que cette fête nous traduit quelque chose de la fidélité du Seigneur. En effet, en Jean 14, 2, le Seigneur affirmait à ses disciples qu’il partait leur préparer une place. En voyant donc cette foule indénombrable de toutes tribus, langues et nations, au ciel, nous savons, que nous pouvons espérer et avoir confiance dans la Parole du Seigneur. Cette parole qui nous dit, qu’au ciel il y a beaucoup de demeures. Il y a de la place pour chacun de nous et nul n’est exclu par principe du salut éternel.

Si nul n’est exclu du salut, le Seigneur propose à chacun, cependant, le chemin qui lui permettra d’y accéder : celui des béatitudes. Le Seigneur nous en propose neuf. Chacune des béatitudes commence par le mot heureux. Heureux est la traduction du mot hébreux « asher ». Dans ce mot, il y a l’idée d’encouragement, il y a l’idée également de félicitations. Par exemple quand un enfant apprend à marcher droit, on entend les mamans dire : « bravo mon bébé, c’est bien, continue comme ça. » Avec asher, on encourage quelqu’un qui est sur la bonne voie. Comme pour lui dire : « le chemin que tu empruntes, est le bon chemin. Continue, ne t’arrête pas. » Ainsi, quand le Seigneur dit : « Heureux… » suivie d’une attitude à imiter, le Maitre nous encourage à faire nôtre cette attitude, car elle nous mènera à la sainteté.


Pour notre méditation de ce jour, je voudrais avec vous m’arrêter sur deux béatitudes : la première et la septième. Rappelons d’abord que le Seigneur s’adresse à ses disciples, donc à ceux qui ont décidé de le suivre, à nous donc chrétiens.


« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. »

Le Seigneur nous demande d’être pauvres de cœur, c’est-à-dire, d’être détachés du matériel. Le Seigneur nous invite à ne pas nous attacher aux richesses de ce monde. Riches comme pauvres, nous sommes appelés à ne pas être accrochés aux biens de ce monde. Un jour, un jeune homme est venu rencontrer Jésus et lui a dit : « maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle. » Un dialogue s’en ai suivi et le Seigneur de lui dire : « Va vend tout ce que tu as, puis vient et suis-moi. »

On n’est certainement pas tous appelés, comme ce jeune homme, à vendre tout et à imiter Jésus dans l’ermitage, mais nous avons à nous détacher. Se détacher des biens matériels, c’est couper le lien qui nous rattache à ces biens de sorte que nous ne dépendons plus d’eux. Ouvrons les yeux et observons, souvent à cause du gain, nous sommes prêts à faire des choses qui dérangeraient même les non chrétiens qui ont encore une conscience.

Mes frères, saint Paul nous a dit que la racine de tous les mots, c’est l’amour de l’argent. La recherche de la sainteté doit nous donner le courage de fuir cet amour qui nous dérange de l’intérieur.


« Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu. »

En ce moment de notre histoire où nous avons tous besoin de paix, je voudrais méditer avec vous sur la 7ème béatitude. Dans cette béatitude, Jésus met en lien, la nature de fils divin en rapport avec la paix. Celui qui est fils de Dieu est celui qui fait la paix, qui donne la paix. C’est d’abord le Christ qui est la paix. Et si nous, nous recherchons la paix, nous devenons en Jésus comme lui, c'est-à-dire fils de Dieu.

C’est pourquoi le Seigneur nous dit : heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu. Faire œuvre de paix, appartient en propre à Jésus. A sa suite, nous devons faire comme lui.

Nous recherchons tous la paix, mais la paix à une origine. La paix se trouve en Dieu. Là où l’homme perd Dieu de vue, où l’homme se brouille avec Dieu, où l’homme n’entend plus Dieu, l’homme veut prendre la place de Dieu, la paix dépérit et la violence prend le dessus. Nous voulons la paix, la première chose à faire, c’est de nous réconcilier avec Dieu.

Se réconcilier avec Dieu nous permettra d’entendre sa voix qui nous invite à la paix et à la non-violence. N’a-t-il pas dit : « aimez vos ennemis » ou « si l’on vous gifle sur une joue, tendez l’autre. » ou encore « priez pour ceux qui vous maudissent ». Nous aspirons tous à la paix, mais la paix commence lorsqu’on se réconcilie avec Dieu.

Se réconcilier avec Dieu, revenir à lui de tout notre cœur, nous donne non seulement la paix, mais nous permet également de rechercher sa volonté et de la mettre en pratique. Or c’est cela le secret de la sainteté : rechercher la volonté de Dieu et la mettre en pratique.

Nous voulons être saints, nous voulons la paix, réconcilions-nous avec Dieu. Le Ciel, notre maison commune, est rempli d’hommes et de femmes qui, à un moment donné de leur vie, ont tourné radicalement la page du péché pour se réconcilier avec Dieu.


Que par cette Eucharistie, le Seigneur vienne à notre aide et nous donne la paix, la paix véritable qui vient de lui.


Abbé Joseph Milafany  Y.
Prêtre du diocèse d'Abidjan

dimanche 25 octobre 2020

 30 ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A




 Textes du jour :  Ex 22,20-26  Ps 17 (18)   /  1Th 1,5c-10  / Mt 22, 34-40


Frères et Soeurs, 

Il y a plusieurs années, au collège, en feuilletant un journal de la place, je tombai, dans la lucarne fait divers, sur un article qui m’a paru assez paradoxale. En effet, l’on pouvait y lire qu’un homme éperdument amoureux d’une femme est allé l’assassiner. Arrêté, quand on lui demanda le mobile de cet acte ignoble, il a fait comprendre à la police qu’il aime follement cette femme alors que cela n’est pas réciproque. Il s’était donc dit : « si elle n’est pas à moi, elle ne sera à personne ». Et en discutant de l’article avec quelques amis, j’ai compris que cela arrive quelques fois. Aimer peut-il pousser à tuer ?


J’ai aussi appris l’histoire d’un jeune homme qui demandait à sa copine de se faire avorter si vraiment elle l’aimait, parce qu’il n’était pas prêt à assumer la grossesse. Aimer peut-il pousser à assassiner ?


Quand l'on regarde l’actualité et que l'on constate avec regret que quelques fanatiques par un soi-disant amour pour Dieu, vont jusqu’à poser des bombes, dans le but de détruire la vie de ceux qui ne partagent pas leur foi, l'on se demande bien ce que signifie aimer Dieu.

Et voilà, qu’aujourd’hui, dans l’Évangile, le Seigneur nous dit que le plus grand commandement est :

 « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Et le second qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. » 

Qu’est-ce que le Seigneur veut nous dire par Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et aimer son prochain comme soi-même ?

 

  • Aimer Dieu de tout son cœur


Le cœur, dans la pensée biblique, c’est l’intérieur de l’HommeC’est l’Homme en lui-même, dans ses souvenirs, dans ses idées ; mais aussi dans ses décisions et dans ses projets.

 Aimer Dieu de tout son cœur, c’est donc le mettre au cœur de ses décisions, de ses projets, de ses idées. La personne qui aime Dieu, ne peut envisager l’avenir sans lui. Il ne peut non plus nourrir et entretenir des pensées qui l’éloignent de lui. 

Imaginez-vous un instant un chrétien qui dit aimer Dieu et qui est partisan de la violence. Notre Dieu n’est pas un Dieu de violence mais un Dieu d’amour. 

En tant que chrétien qui aime Dieu, toutes nos actions doivent avoir une référence : le Seigneur et lui seul. Un chrétien avant d’agir, parce qu’il aime Dieu, le consulte, cherche sa volonté et fait tout son possible pour la mettre en pratique.


  • Aimer Dieu de toute son âme


Dans la Bible, l’âme désigne l’homme tout entier, en lien particulier avec le corps. C’est vrai que l’âme n’est pas le corps, mais l’âme arrive à s’exprimer par le corps. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu l’expression avoir une belle âme. L’âme on ne la voit pas, mais à travers l’attitude de l’homme, on peut percevoir sa beauté. 

Aimer Dieu de toute son âme, c’est donc faire en sorte que notre corps soit en adéquation avec la volonté de Dieu. Lorsqu’une personne parle, court, prie, écrit, sent, touche, c’est avec son corps qu’elle le fait. L’amour qu’on a pour Dieu doit pouvoir s’exprimer à travers notre corps. A cet effet, saint Paul dira quelque chose de merveilleux : « votre corps est le temple du Saint-Esprit, ne le contristez pas. ». Par notre corps, nous pouvons attrister Dieu. 

Aimer Dieu de toute son âme, c’est vivre dans la pureté. Refuser d’utiliser nos corps pour des pratiques qui nous éloigne de Dieu.


  • Aimer Dieu de tout son esprit


L’esprit est l’élément essentiel et insaisissable en l’homme, c’est ce qui le fait vivre. C’est l’homme au plus profond de ce qu’il est. L’Esprit est fait pour adorer Dieu. Jésus le dira à la samaritaine en Jean 4,23 : « l’heure vient et c’est maintenant où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. » 

Aimer Dieu de tout son esprit, c’est connecté son esprit à Dieu. C’est être une personne qui aime rester avec Dieu dans la prière. L’Homme qui aime Dieu, ne peut pas être allergique aux choses spirituelles. Prier, vivre des sacrements de l’Eglise, participer vraiment à la messe, c’est aussi cela aimer Dieu de tout son esprit.

 

Frères et Sœurs, le Seigneur ne s’arrête pas à l’amour pour Dieu, mais il met à peu près sur le même pied d’égalité l’amour pour Dieu et l’amour que l’on doit avoir pour le prochain. A cet effet, il dira : « tu aimeras ton prochain comme toi-même. » .

On pourrait bien se demander ce que veut dire aimer son prochain comme soi-même. On a eu une magnifique réponse de l’Évangile que notre Père Archevêque a pris soin de donner comme thème pastorale : « Pour vivre en communion, faites aux autres, ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous. » pour paraphraser ce thème en lien avec l’Évangile de ce jour, je dirai : « pour être concret dans l’amour du prochain, fais aux autres, ce que tu voudrais qu’ils fassent pour toi. »

La première lecture nous donne des cas concrets qui peuvent nous aider dans cette quête : aimer l’immigré, venir en aide aux veuves et aux orphelins

A côté de cela, je voudrais rappeler des attitudes d’amour envers le prochain qui nous sont données par saint Paul en 1 Corinthiens 13,4-6 : prendre patience, rendre service, ne pas être jaloux de son frère ni de ce qu’il a, ni de ce qu’il est. Ne pas agir par orgueil devant son frère, au contraire, être humble en tout temps. Ne pas agir avec colère, mais plutôt avec bienveillance et amour. Ne pas garder rancune envers son prochain, mais lui offrir son pardon. Donner à celui qui demande. Être un artisan de paix.

Aussi, mes Frères et mes Sœurs, dans les actions concrètes que nous devons poser, nous devons toujours avoir à l’esprit ce que le Seigneur a dit en Matthieu 25,34-35, lorsque le roi accueillera les justes pour la vie éternelle : 

« Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » Alors les justes lui répondront étonnés Seigneur à quel moment avons-nous fait cela ? Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Que cette eucharistie nous y aide, à Dieu la gloire pour les siècles des siècles.

Abbé Joseph Milafany  Y.
Prêtre du Archidiocèse d'Abidjan